Je sentis comme un léger pincement avant de glisser la galette dans le lecteur. Non pas mon doigt qui serait resté coincé dans le porte gobelet mais plutôt mon moi du dedans, coincé dans lui-même. Inutile de me mentir, de n’être qu’un fan extrémiste de plus. Paf, le doute, et si ça avait vieilli ? Sur la forme et sur le fond ?... Et si, avec l’avènement de la 3D, des progrès divers en effets spéciaux et tout et tout mon bon vieux Patlabor 2 s’était soudain vu ringardisé ?... J’ai beau l'avoir vu plus de 10 fois, dont la moitié en version française à l’époque où l’on n’avait que ça sous la main, avec un Patrick – Bruce Willis – Poivey doublant un peu tout le monde là-dedans, effets de foule inclus à lui tout seul, peut-être que… Arf ! Allez, lançons le film, on verra bien. Et là, magie. Je le connais archi par cœur, pourtant j’ai clairement pris un panard phénoménal à me l'enquiller pour la millième fois. Non, je ne l’ai pas surnoté : il reste un chef d’œuvre de ciné et d’animation, je ne vais pas m’étendre là-dessus ici. Mais ça n’est pas l’envie qui m’en manque.
L’apport du Blu-ray consiste à démontrer à quel point l’objet fut fignolé, traité avec précision, maniaquerie et déférence en son temps. Les quatre gros morceaux de bravoure – le pré-générique, l’attaque des hélicoptères, la chute du dirigeable et, enfin, le climax – n’ont rien perdu de leur impact. Au contraire, jamais les explosions n’ont paru aussi « belles » - on a peut-être là les plus beaux "KABOOM !" de l'histoire de l'animation jap' - , les labors aussi bien dessinés, la ville, Tokyo, aussi bien décrite. Film fait de détails sur lesquels on reste aussi béats que devant l’histoire et l’action, voilà l’archétype de la péloche pour laquelle un BR s’imposait. Cette neige, encore plus belle, ces reflets divers, éparses, toujours aussi épatants, les nombreux contrastes gérés au poil de cul d’abeille… Du bonheur en barre ! Ca vieillit très bien ! Outre que nos artistes Ito, Oshii, Kawai et les autres s’exprimèrent là à leur plein potentiel, la haute définition fait de l’objet un superbe tableau urbain qui n’en finit pas d’hypnotiser son monde. On pleure devant tant de beauté. Celle de Shinobu mais également ces vols d’oiseau à se damner, et cette scène, cette scène où Shinobu rate de peu sa rencontre avec Tsuge sur le bateau. Là, à cet instant, on n’est plus du tout dans l’animation, c’est du grand cinéma tout court qui, avec le "plus" HD, remet tout simplement les pendules à l’heure en même temps qu’il montre le chemin - et place la barre haute - aux artistes de maintenant. Dixit le vieux. Il en faut, du talent et du boulot, pour arriver à un tel niveau d’excellence.
A part, c'est un détail, un packaging qui ne plaira pas à tous, Kaze a fait du formidable travail sur l'objet Blu-ray. L'image est somptueuse, le son à tomber, et, cerise sur le gâteau, un making of d'antan d'une heure, passionnant, accompagne le tout. On appelle ça un indispensable.
Merci à Kaze d'avoir eu l'amabilité d'envoyer ce Blu-ray à la rédaction
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