Né en 1954 à Taegu City (Corée du Sud), Lee Chang-Dong devient diplômé de littérature de l’Université de Kyungpuk en 1980. De 1983 à 1993, il publie "The Booty", "Burning Papers" et "There’s a lot of shit in Nokcheon". De 1993 à 1995, il se lance dans l’écriture scénaristique avec 2 films de Park Kwang-Soo, To the Starry Island et A Single Spark.
En 1997, son premier long métrage, Green Fish, est primé au 16ème Festival International du film de Vancouver. Mais c’est avec Peppermint Candy, portrait à rebours d’un homme qui a gâché sa vie à cause du régime totalitaire en place dans les années 80, qu’il obtient la reconnaissance internationale : 500 000 entrées en Corée du Sud sur seulement 10 copies, présence dans plusieurs festivals, et une sortie sur les écrans français en 2002. Pourtant, Lee Chang-Dong a eu bien du mal à trouver des financements pour ce projet magnifique qui soulève quelques tabous…
Mais en 2002 le cinéaste continue à bousculer les tabous de son pays avec un Oasis racontant l'amour impossible entre une tétraplégique et un débile léger. Sur ce film, il collabore de nouveau avec les deux acteurs principaux de Peppermint Candy, Sul Kyung Goo et Moon So Ri. Succès public et critique en Corée du Sud, le film obtient le Prix Spécial de la Mise en Scène pour Lee Chang Dong, le Prix Marcello Mastroianni pour une jeune actrice pour Moon So Ri et enfin le prix de la Fédération internationale de la presse cinématographique (FIPRESCI) au Festival de Venise 2002.
L'oeuvre courte mais déjà forte de Lee Chang Dong offre un regard critique sur l'histoire et la société coréenne: Green Fish suggère que son héros est la victime d'une histoire coréenne récente qui va beaucoup trop vite pour lui (le processus accéléré d'urbanisation qu'on observe au détour d'un plan notamment). Cette idée trouve son plein développement dans un Peppermint Candy qui offre une relecture de vingt ans de changements politiques et économiques en Corée du Sud qui précipiteront le destin tragique de son héros. A l'instar d'autres grands auteurs asiatiques (Ann Hui, Hou Hsiao Hsien, Edward Yang entre autres), Lee Chang Dong lie le destin de son héros à celui d'une nation. Avec Oasis, la dénonciation se porte cette fois sur le traitement que la société coréenne réserve à ses handicapés mentaux et moteurs et Lee Chang Dong prend la parti de son couple marginal contre la société au travers de quelques observations ne manquant pas parfois d'une certaine drôlerie et suscitant par moments le malaise.
Si le style de ses deux premiers films était plutôt contemplatif et retenu, Lee Chang Dong opte dans Oasis pour un style plus documentaire sans toutefois faire du filmage caméra à l'épaule voyant comme une partie du cinéma social actuel. D'un point de vue narratif, chaque film semble être fait contre le précédent: à la narration classique d'un Green Fish s'oppose le dispositif de narration à l'envers d'un Peppermint Candy censé rapprocher le spectateur du traumatisme de l'histoire coréenne qu'est la répression de 1980 et souligner une innocence à jamais perdue. Ce dernier dispositif est souligné dans le film par le recours récurrent aux plans ferroviaires comme symbole du retour en arrière temporel. La narration d'Oasis est par contre très fluide et continue mais si Lee Chang Dong n'abandonne pas totalement le réalisme cru de ses précédents films il offre ici de nombreuses références au conte de fée (les noms des personnages, les peurs de Gong Ju qui évoquent celles des contes de fée) ainsi que quelques beaux passages oniriques (la danse des amoureux entourés d'une servante indienne et d'un éléphant).
Ghost Dog
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