Ordell Robbie | 2 | L'évaporation d'un homme |
A la Shochiku, les années 60 naissantes sont marquées par l'avènement de la Nouvelle Vague Shochiku composée d'Oshima, Yoshida et Shinoda, cinéastes plus jeunes que Nomura. Narrativement et formellement plus conventionnel que les oeuvres de jeunesse de ces derniers, Zero Focus se montre pourtant thématiquement synchrone de leur préoccupations. Il est ici question tout autant de suspense qu'en filigrane des conséquences de l'occupation américaine sur un Japon d'après-guerre dont le scénario d'Hashimoto Shinobu (Rashomon, Hara Kiri...) esquisse un portrait. Ceci dit, ces questions-là étaient tout autant suggérées par l'oeuvre romanesque de Matsumoto Seicho, maître du roman policier nippon souvent adapté par la suite par Nomura. Au crédit du film, on peut mettre une certaine efficacité en terme de progression narrative, un usage judicieux de la voix off, un casting excellent et une photographie captant bien l'atmosphère de Kanazawa. Ceci dit, l'usage par Hashimoto scénariste de la narration Rashomon se révèle ici du niveau de ses multiples imitateurs un peu moins inspirés. Le doute instillé sur la vérité de ce qui est raconté n'aboutit nullement à une réflexion sur la notion-même de vérité comme dans Rashomon mais se révèle juste pur procédé manipulateur. Quant à la mise en scène, elle n'est aucunement catastrophique mais se révèle assez académique. Pour un film regardé sans déplaisir mais ne laissant pas une trace impérissable.