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The Good Asian

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Arno Ching-wan 3.75 Une bonne BD
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Une bonne BD

Voilà une BD qui attire l’œil du vieux blasé sur un étal. Un thème asiatique, du Chinatown aux US dans les années 30, un traitement de polar noir sur une emballage comics post-Batman en 300 pages, et un prix Eisner, gage de respectabilité. Mmm. On s’y penche davantage et on feuillette. Pas New-York, mais San Francisco. Ah. Pas Ellis Island pour l’immigration du coup, mais Angel Island, moins souvent évoquée. Googlisation. Un scénariste américain d’origine thaïlandaise, un dessinateur français. Ah.

Lecture d’une traite. C’est chouette. Dense, mais chouette. Pas tout compris. Ca tient ? Relecture quelques jours plus tard, plus lentement, avec du track « detective jazzy » dans les oreilles et un p’tit verre pas loin. Ouais, ça tient. Un poil capillotracté ça et là, faut s’accrocher avec tous les persos, quelques erreurs de traductions ou coquilles qui n’aident pas, mais ça marche bien. Les échos sont nombreux : L’année du dragon de Cimino, bien-sûr, avec une déclinaison du personnage de Joey Tai, mais aussi le Chinatown de Polanski, film aussi célèbre pour ne jamais montrer Chinatown, juste l’évoquer, comme un effluve de mensonges entremêlés dans la fumée de pipes d’opium tirées dans le sous-sol d’un bouge planqué au fond d’une ruelle, elle-même à peine discernable derrière deux poubelles et un drap séchant vainement sous la pluie.

A la première lecture, j’ai un peu fait la moue. Trop tordu, pas assez évident. Le racisme se « cantone » (ah, ah) à un flic irlandais cliché à mort. On ne voit pas assez San Francisco, on se croit plus souvent à Gotham. Des poncifs. Un blabla de promo me vantait un Chandler’s like, du coup je partais sur du Grand sommeil, donc par extension du Dahlia noir de Ellroy, voire même du Sang maudit de Hammett. Ca a beau être complexe, ça n’est pas si brillant. Voilà pour les déceptions. J’avais trop vite mis de côté la dimension comics du truc, rail que j’ai rejoint sans problème sur ma seconde lecture. Tout un passage récite après tout carrément la scène de l’usine du Batman de Burton en inversant les rôles. C’est troublant. J’ai par la suite mieux capté les motivations de la femme fatale du jour – soir, plutôt – et celles d’un héros instable qui se cherche encore. Double face ? Les poncifs n’en sont plus quand ils incarnent un tremplin projetant vers du renouveau. La voilà, la vraie réussite de ce polar, ce multi-métissage, l’après d’un avant, quand les blancs étaient là, les jaunes ici, la frontière là. Cette dernière, brouillée comme l’image des œufs de la 317e section reprise dans la 36e version d’Apocalypse Now, le jaune supplantant le blanc dans le mélange, quelle est la nouvelle scission ? En faut-il une pour garantir un folklore, de ces vignettes qui elles-mêmes permettent la fiction, la projection ? Riche sur l'histoire, l'arrivée de migrants chinois aux USA au début du XXe, la BD l'est au moins autant sur son contexte d'énonciation 2020's. La digestion de nos passions d’antan franchit un nouveau cap extrêmement intéressant. L’eau coule sous les ponts, le fleuve Yang-Tsé-Kiang se jette désormais dans la baie de San Francisco, sur une génération suivante le jaune se dilue et cet enfant-ci est davantage blanc. Le métissage se joue des identités toutes faites, c’est pas toi qui décide.

31 décembre 2024
par Arno Ching-wan


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