Going down
Après ses précédents longs "Fe" (1994) et "The Box" (2002), Nakajima Kanji continue son exploration de la perception de notre vie face à la mort. En contant l'histoire des différents clones de Takahara Kohei, il se pose la question de savoir comment pourrait bien se sentir un humain enfermé dans le corps d'un clone. Deviendra-t-il un monstre, se rebellant contre son propre Moi ? Une question, qui avait déjà été jadis abordé – mais que sous une forme autrement plus commerciale – dans le 4e épisode de la saga des "Aliens".
En partant du profond respect qu'éprouvent les japonais face à la mort, il questionne également l'autre "point fort" de la civilisation nipponne: la technologie; et il se pose la question du reflet de l'humanité face à sa propre technologie; un peu comme les questions soulevées en fin du récent documentaire de Caro de l'homme face à l'évolution de la robotique et des androïdes.
Il emballe le tout dans un conte philosophique à la limite du poème surréaliste; le long (et lent) départ d'un homme à la recherche de soi-même, ou plutôt replongeant aux racines de son propre traumatisme. C'est extrêmement beau (c'est lé vétéran Kimura Takeo, vieux de ses 90 ans, qui s'est occupé du design du film), toujours intrigant, depuis un début dans les locaux glacés d'un laboratoire, en passant par l'historie glaçante de l'adolescence (mal)heureuse de deux frères jumeaux à la verdoyante campagne profonde nippone, en passant carrément par une station spatiale avant d'entamer le long périple à la redécouverte de soi.
Bien évidemment, l'attente sera un peu déçue par l'expectative de voir quelque chose d'ENORME; ce n'est que lors d'une seconde vision – absolument nécessaire – que l'on assimile toute la subtilité et le génie du scénario retors. Ce n'est pas pour rien, que Wim Wenders himself aura été séduit par l'ingéniosité de l'historie et aura mis ses billes en tant que producteur dans le film.
Un véritable OFNI dans l'actuel paysage cinématographique japonais, qui donne la part belle à ses comédiens, à commencer par Iokawa "Mitchi" Mitsuhiro, parfait dans le triple rôle des humains et clones, la mystérieuse Nagasaku Hiromi, qui sait déployer toute l'étendue de son talent par des longs plans serrés sur son visage tellement expressif (les gros plans sotn denrée rares au sein de la cinématographie actuelle) et Ishida Eri, si émouvante dans le rôle de la mère mue par la douleur d'avoir perdu ses fils.
Une œuvre majeure, dont les images envoûtantes continueront longuement à hanter l'esprit des spectateurs réceptifs à ce genre d'exercice poétique.