Arno Ching-wan | 3.25 | |
Astec | 3.75 | Kaiju-Mecha dramatique |
Junta | 3.25 | Une suite qui déçoit. |
Difficile d’exister dans l’ombre d’un réalisateur tel queOshii Mamoru . Que l’on apprécie ou non le travail du monsieur il est incontestable que son style n’est pas de ceux passant inaperçus. Patlabor WXIII (Wasted XIII pour déchet 13) a manifestement souffert de la comparaison inévitable avec les deux premiers films sur lesquels Oshii avait opéré une véritable OPA (amicale) artistique. Et pourtant ce troisième opus a des arguments à faire valoir.
L’histoire des adaptations animées du manga Patlabor de Yuuki Masami (édité chez nous par les éditions Kabuto), est intimement liée à la carrière de Oshii Mamoru : de la série TV et des 6 OAV sur lesquels il officie successivement comme scénariste et/ou réalisateur à la fin des années 80, aux deux films qui furent réalisés entre 1990 et 1993, ce dernier aura progressivement et durablement marqué l’univers Patlabor de sa personnalité. C’est d’ailleurs dans les deux premiers films que Oshii, avec l’aide de sa garde rapprochée habituelle (Itoh Kazunori au scénario et Kawaï Kenji pour la bande son), aura été le plus loin dans son entreprise de digestion artistique ; Patlabor 1 et 2 jouaient ainsi la carte du film de SF « réaliste » avec intrigue politico-policière et réflexion sur la manipulation, sur fond de questionnements plus existentiels. Sur le plan formel cela se traduisait par un rythme de mise en scène extrêmement contemplatif, des dialogues scandés comme des thèses philosophiques et de purs moments de poésie urbaine accompagnés par les scores¨synthétiques de l’éternel Kawaï. C’est dire la difficulté pour Endo Takuji et Tori Miki , respectivement réalisateur et scénariste de , de faire « oublier » tout ce qui avait précédé. Plutôt que de servilement singer Oshii et sans complètement tourner le dos à son travail, ce troisième film de la série sur grand écran prend le parti de se glisser dans les habitudes acquises pour mieux s’en détourner. Comble de l’histoire, c’est sous l’impulsion d’Oshii lui-même que la chose va s’effectuer : « En réalité c'est monsieur Mamuro Oshii qui a dit que l'histoire avec l'unité spéciale 2 était déjà suffisamment raconté dans les deux premiers films et qu'il valait mieux prendre une autre direction pour l'épisode trois. On a donc décidé de désorienter l'axe du sujet. Dans Patlabor II, on remarque que l'unité spéciale 2 va à l'encontre des avis de ses supérieurs, elle manifeste une espèce de rébellion. De ce fait, poursuivre l'histoire avec ces personnages ne semblait plus avoir d'intérêt et c'est ainsi que le choix s'est porté sur de nouveaux personnages »(1).
Pour les besoins de la cause c’est à partir d’un épisode du manga original, intitulé Déchet XIII, que sera élaboré l’histoire des détectives Kusumi et Hata, chargés d’enquêter sur des accidents survenus à des labors (robots) autour de la baie de Tokyo. Dans le film leur enquête les oriente vers un suspect, une chercheuse nommée Saeko, tandis que l’hypothèse d’une conspiration liée à une mystérieuse arme biologique se vérifie également. Mais les choses vont encore prendre une tournure inattendue lorsqu’on découvre qu’un monstre hante les eaux de la baie...
Si on retrouve dans ce film de Endo plusieurs des gimmicks « oshien » (musique, rythme, character-design), il est par contre rapidement clair, à mesure qu’avance l’intrigue, que l’univers de la série glisse progressivement du pur polar SF vers un mélange des genres avec l’introduction d’une dimension film de monstres qui reste, malgré tout, « plausible » (en opposition au kaiju eiga type) au regard de la cohérence d’un univers à la base « réaliste ». En réalité c’est là le moindre des changements, car progressivement cet aspect de l’intrigue passera lui-même au second plan, la mise en scène se focalisant toujours plus sur les trajectoires individuelles jusqu’à un final à la tonalité définitivement dramatique, avec un personnage de Saeko au caractère bien plus complexe que nombre des « personnages concepts » de Oshii. Mine de rien, en l’espace d’un film, l’univers de la série sera passé de parangon de la SF politique-fiction philosophique à un classique mais poignant drame humain. Entre temps nous aurons eu droit à une enquête policière, à une séquence de course poursuite monstre/humains qui restera parmi ce qui se fait de mieux dans le genre en terme d’intensité et d’adrénaline, pour terminer par un combat labors/monstre monté en parallèle du dénouement d’un drame personnel restant le cœur du film.
Si ces choix font de un film thématiquement moins « ambitieux » que les autres, le différentiel émotionnel est, lui, sans commune mesure. Il n’est d’ailleurs sans doute pas fortuit que la tonalité des couleurs soit plus "chaude" (humaine) et que la qualité de l’animation soit "techniquement" supérieure, dans ce troisième volet, à la mise en scène statique de Oshii ; tous les personnages de Patlabor WXIII – y compris et surtout le monstre - semblant plus vivants que les marionnettes si chères au réalisateur d’Innocence, il est finalement logique que le mouvement soit plus présent dans leur cas.
(1) Voir interview de Miki Tori disponible sur le site
Contrairement au 2 premiers opus, Patlabor WXIII n’est pas réalisé par OSHII Mamoru mais cette fois par . Cependant il a cherché à garder les mêmes ambiances et style de narration que ses prédécesseurs, d’ailleurs on peut remarquer plusieurs clins d’œil comme lorsque le héros passe dans un tunnel en voiture, on se croirait dans le 2.
Ce nouveau Patlabor est moins compliqué qu’à l’habitude au niveau de l’intrigue et possède un élément fantastique avec la présence d’un monstre. Les héros de ce film sont Kuzumi et Hata, ce changement est le bienvenu, il permet de découvrir de nouveaux personnages plus en profondeur.
La réalisation est honnête, petit bémol quand même, le chara-design au début n’est pas toujours réussi et la musique est un gros pompage du 2 (donc bonne mais pas du tout originale). La 3D est bien incrustée à la 2D, ça devient une habitude dans les productions nipponnes, et c’est tant mieux ! Le mecha-design est classique, dans la lignée des autres.
Même si le réalisateur a changé, Endo a gardé le style de narration qui a contribué à la réussite de Patlabor, les films ; c’est à dire assez lent, composé de longs passages avec de la musique sans dialogue lors des recherches/enquêtes. Malheureusement l’intrigue est moins passionnante que les 2 premiers volets.
En bref j’ai moins accroché que sur les anciens Patlabor même si c’était agréable à suivre (j’adore l’ambiance qui s’en dégage). Je le conseille aux fans qui retrouveront un style qu’ils connaissent bien avec une histoire moins intéressante et sans nouveauté majeure, mais c’est toujours mieux que rien. Par contre pour ceux qui auraient trouvé moyen (ou pas bon) Patlobor I et II, passez votre chemin, vous n’aimerez pas celui-ci. En fait Patlabor WXIII souffre de la comparaison effectuée avec ceux réalisés par Oshii, et donc son plus grand défaut c’est d’être le III, et pas le I.
Merci à Panasia 2002