Euh...
Film très curieux. On a en permanence l'impression que le réalisateur hésite dans ce qu'il veut proposer: un peu de romance, un peu de social, une pseudo intrigue. Le problème c'est que tout est mis bout-à-bout sans aucun, les scènes se succèdant sans lien organique: tiens je te balance une scène de flirt, et si là on le faisait tomber du balcon ?, un peu de sang ça ferait bien allez on en remet une couche.... Bref c'est un peu (beaucoup ?) n'importe quoi. Pourquoi le voir alors ? Et bien au milieu de tout ça, se glissent quelques moments de cinéma, ce sont surtout les scènes où la caméra s'attarde sur les corps, les moments d'inaction où l'on ressent physiquement le vide des personnages. Car si ce film devait avoir un sens, c'est bien que la vie n'en a aucun. Mais ça ce n'est surement pas Nomad qui le montre le mieux!
A voir ? Oui et non.
23 janvier 2004
par
jeffy
Le réalisateur Patrick Tam tout comme son film Nomad font partis de ce qu'on appelle communément la nouvelle vague HK, située au début des années 80. Il est de bon ton de rappeler que Wong Kar-Wai a été fortement influencé par Patrick Tam, et il est vrai que visuellement la filiation est évidente : recherche constante du cadre, du plan glam, d'une photographie extrêmement léchée. C'est beau, c'est classe.
Dans Nomad on suit une jeunesse insouciante (Leslie Cheung, Cecilia Yip, ...) qui n'a d'autre préoccupation que ses amourettes, élevées au rang d'Amour, donc générateur de drames. Les personnages paraissent autant libérés sexuellement qu'ils sont prisonniers du sentiment amoureux. Une sensation de début d'époque se fait ressentir, de nouvelle liberté totale, d'affranchissement des mœurs sexuelles alors qu'en réalité on est plus dans la fin d'un cycle, du souffle libertaire des seventies. Par extension pour nos protagonistes ceci représente la fin de l'adolescence et l'entrée dans le monde adulte. Cette rupture est représentée physiquement par l'arrivée d'un japonais déserteur de l'Armée Rouge. L'insouciance du quotidien est stoppée, les problèmes apparaissent et des choix doivent être faits, aussi difficiles soient-ils. L'avant dernier acte mélancolique, très beau, est suivi par une fin nihiliste détonnant dans l'ambiance du film.
À noter une scène où l'on croit un temps que Leslie Cheung s'est suicidé en se jetant d'une terrasse... étrange et malsaine prédiction.
Patrick Tam sait saisir l'air du temps, que cela concerne les sentiments ou ce phénomène d'attrait et de répulsion avec le Japon comme avec la Chine par exemple. Nomad n'est pas un grand film (des longueurs, final bancal), c'est juste un beau portrait d'une certaine jeunesse.
10 juillet 2011
par
Junta
Asian Connection
Considéré comme l'une des œuvres angulaires de la "Nouvelle Hongkongaise" du début des années 1980, el second long-métrage de Patrick Tam surprend effectivement par sa liberté de ton (jeunesse "je-m'en-foutiste" et l'amorce d'une liberté sexuelle) et la fraîcheur de ses comédiens (avec les très jeunes Leslie Cheung et Cynthia Yip). Très inspiré des films de la Nouvelle Vague française et japonaise, "Nomad" a juste le tort d'arriver quelques décennies après ces précédentes vagues et de n'apporter pas grand-chose au genre.
Audacieux dans sa manière d'être par rapport à la cinématographie hongkongaise de l'époque, le film ne développe jamais un univers propre, ni n'est très éloigné de ses illustres modèles. Pire, la dernière partie, se référant à une sombre historie de mafia japonaise, est d'un ton assez ridicule jusqu'à son surprenant, mais involontairement comique, showdown à la plage.
Une vraie curiosité, mais loin de prétendre à la révolution artistique à laquelle il a été souvent comparé; surtout que Patrick Tam a su faire preuve de bien plus de subtilité et d'intelligence dans sa filmographie à venir.