Autant en emporte le temps
Difficile de critiquer ce véritable Classique incontournable du cinéma indien, qui a influencé des générations d'acteurs, techniciens et réalisateurs…et pourtant…
"Mother India" est en fait le remake d'un autre Classique indien, "Aurat", réalisé durant les années 1930 et adapté d'un roman du Prix Nobel Pearl S. Buck, "La terre Chinoise"; cette nouvelle version a également été enrichie d'extraits de "Mère" de Maxim Gorky.
Meehbob Khan n'avait plus intérêt à rater cette version, ses trois précédentes productions ayant été des échecs au box-office. Il met alors tout son cœur à l'ouvrage, créant une superproduction défiant tous les superlatifs. Depuis les décors, aux costumes, au nombre de figurants, à la lumière, tout est sublimé.
Le casting a été sans aucun doute la partie la plus épineuse, des nombreux changements divers et variés réservant la surprise jusqu'à la dernière minute quant à savoir qui va interpréter les différents rôles. En embrassant celui de "Mother India", l'actrice Nargis va devenir une légende – jusqu'à inspirer le futur surnom de la fille de Ghandi; d'autant plus légendaire, qeu ce sera son (avant-)dernier rôle, choisissant d'accepter la seconde proposition de sa vie à la fin de tournage, celui d'épouser son compagnon de jeu, Sunil Dutt, l'ayant sauvé des flammes pour de vrai durant la fameuse séquence des bottes de pailles embrasées.
Le film allait remporter un succès populaire incroyable et manquant l'Oscar du Meilleur Film Etranger à une seule petite voix près au cours du dernier tour de vote!
Difficile donc de critiquer cette production mythique, franchement superbe. Seuls défauts peut-être la grandiloquence, les sentiments exacerbés et le mélodrame appuyé. Dans une pure tradition cinématographique de l'époque (et toujours profondément enracinée de nos jours dans le cinéma indien), toute finesse est abandonnée pour un spectacle totalitaire: le bonheur est trop beau pour être vrai dans toute la première partie dégoulinant de bons sentiments; avant que des terribles drames ne renversent carrément la tendance dans une partie intermédiaire assez jusqu'au-boutiste, notamment dans les scènes de famine des enfants; avant que la troisième partie ne dévie vers une nouvelle partie très distincte de la première avec quelques longueurs.
Œuvre somptueuse, qui croule sous la grandiloquence de ses immenses moyens déployés – comme une beauté parfaite, qui finit par lasser par sa perfection.