Alain | 2.5 | Un malencontreux ratage |
Ordell Robbie | 0.25 | Mauvais Dosage |
L'heroic-fantasy est un genre à part entière et presque quasi-exclusivement américain(ce qui est en soi normal vu les budgets que demandent ces types de productions). En 2001, Tsui Hark s'était réapproprié le genre en l'adaptant à son cinéma et à sa culture via son excellentissime Legend of Zu. La même année, la Corée tentera de faire de même mais le résultat sera tout autre.
L'une des qualités intrinsèques au cinéma coréen est la beauté des paysages naturels de ce pays, constitué principalement d'un relief montagneux. Legend Of Gingko prend place dans ces montagnes et forêts qui donnent une belle touche d'authenticité au film, de même que le village en bois dont les intérieurs et extérieurs sont très plaisants au regard. Ce n'est d'ailleurs pas étonnant qu'après le succès de Shiri, Park Hye-Jun ait bénéficié d'un gros budget qui contraste par rapport au premier The Gingko Bed et il faut bien dire qu'un budget moindre n'aurait pas vraiment bien desservi cette fausse suite (je précise qu'hormis le mythe entourant l'arbre gingko, les deux films n'ont rien à voir dans leur scénario et genre respectif). Au niveau des costumes, cela reste assez basique mais bien dans le ton de ce genre de film. Par contre, on décernera un gros mauvais point aux cannibales dont l'aspect série Z dénote franchement par rapport aux autres personnages. Tant qu'on en est à cette scène des cannibales, il faut pointer la plus grosse lacune du film qui est les combats: ceux qui trouvaient les joutes de Musa, La princesse du désert brouillonnes risquent de tomber en syncope devant ceux de Legend Of Gingko. Si dans votre entourage, vous avez déjà eu droit à la "superbe" vidéo du mariage de l'oncle où le cousin laisse tourner la caméra en filmant dans toutes les directions et allant jusqu'à la laisser allumée lorsqu'il se trimballe d'un pièce à l'autre en filmant involontairement le sol, et bien sachez que vous aurez la même senstion "d'irregardable" ici, sans compter un combat vers la fin se déroulant de nuit et avec un tel manque de lumière qu'on peut sortir sa télécommand et faire "avance rapide" parce que ça ne sert même plus à rien d'essayer de regarder cette partie du film à ce moment. de même, on notera l'incapacité du réalisateur à savoir filmer les scènes de groupe car le résultat fait beaucoup pensé à un documentaire-fiction comme on en propose dans les musées ou pire à un making-of du fait de la mauvaise gestion de l'espace et des figurants, on le sent bien plus à l'aise lorsqu'il s'agit de cadrer deux-trois personnes et de faire ressortir une certaine émotion.
D'ailleurs, de l'émotion, on en trouvera beaucoup dans Legend Of Gingko: pas à un niveau drame/tire-larmes mais via une mélodramatisation du récit et une exposition des conflits intérieurs des personnages. Certes, il n'y a pas vraiment de quoi crier au génie mais c'est suffisant pour retenir l'attention du spectateur en dehors de la trame générale du récit qui est assez confuse et qui utilise par moments des raccourcis un peu trop grossiers dans sa progression pour ne pas dépasser les deux heures que durent environ le film: un bon exemple pourrait être lorsque les guerriers du village doivent partir en expédition pour déterminer qui sera le prochain chef et au lieu d'avoir un long périple, on plutôt droit à des ellipses narratives qui donnent l'impression au retour qu'ils sont juste partis pique-niquer pendant une après-midi. Niveau casting, on n'a pas droit à de grandes performances mais ça reste honnête. Par contre, on pointera quand même le fait que Sol Kyung-Goo est trop vieux pour son rôle (contrairement à Lee Mi-Sook qui malgré son âge reste crédible). En dehors de tout ça, la musique orchestrale est puissante et entraînante, donnant vraiment un côté "grande épopée" à un film qui hélas n'est pas à la hauteur au bout du compte. Je n'ai pas vraiment eu de plaisir ou de déplaisir à regarder ce film, il est juste dommage de constater que mis entre de mauvaises mains, un projet aussi ambitieux soit-il finit par juste être un pétard mouillé, une oeuvre qui rejoint hélas la triste catégorie "aussitôt vu, aussitôt oublié".
De l'heroic fantasy avec un peu de sentimentalisme asiatique, on était preneur. Du l'épopée, on était preneur. Seol Gyeong-Gu et Lee Mi-Sook dans le casting, on était aussi preneur. Et pourtant on a pas pris. Tout simplement parce que s'il arrive que des qualités tirent un film vers le haut des défauts peuvent aussi tirer un film vers le bas. Faut-il juger Legend of Gingko comme une tout ou en fonction des qualités de ses parties? On est plutot de l'avis qu'un film se juge en fonction d'une impression d'ensemble. Tout d'abord parce que la façon dont l'action et le hors action sont dosés par le montage et la structure narrative sont pour nous un paramètre important de jugement d'une réussite cinématographique concernant un film de genre. Les 25 premières minutes de Legend of Gingko sont malheureusement un véritable cauchemar cinématographique. Les acteurs y jouent avec un ton théatral forcé. Dans les scènes d'action, la caméra cadre de trop près et s'agite jusqu'à donner le mal de mer et à repousser très loin les limites de l'illisibilité dans le cinéma d'action. On trouve aussi du grand angle mal utilisé et de la virtuosité pour rien -la caméra pivotant autour d'un verre...-. Quant au montage des scènes d'action, son caractère épileptique n'arrange rien. Quant au cadrage de très près, son emploi systématique pour susciter l'émotion vire au tic de mise en scène. Quant au score, il va osciller entre écoutable, mauvais pastiche de score de blockbuster d'action hollywoodien et classicisme pompier. Tout n'est pourtant pas catastrophique dans le film. Les acteurs sont ainsi corrects une fois le début passé et les passages hors action sont moyens et se laissent regarder. S'ils avaient été un minimum transcendés par les acteurs comme dans Shiri ou assez longs pour "reposer" de l'action, l'impression globale aurait été passable. Mais étant moyens ils ne peuvent compenser les dommages que font subir à l'oeil les scènes d'action, dommages qui font du film une "expérience" de visionnage des plus éprouvantes. Et du coup on n'a pas envie d'etre un minimum clément parce qu'un film se visionne d'un trait et pas en faisant "avance rapide" la moitié du temps...