| Alain | 3 | |
| Ghost Dog | 2.75 | Happy Together in Beijing |
| jeffy | 2.75 | Que l'on ne me parle pas d'Happy Together ou je fais un malheur! |
Une histoire gay qui s’assume sans préjugés ni moqueries, avec des acteurs qui s’affichent sous toutes les coutures, et tout ça en pleine capitale chinoise où la censure est omniprésente, cela frise l’exploit ou l’inconscience, voire les deux. En tout cas, Stanley Kwan n’a pas eu froid aux yeux et c’est tant mieux, car son film peut aider à faire évoluer les mentalités, même si le nombre de chinois l’ayant vu est sans doute extrêmement minoritaire.
Evidemment, avec un tel sujet et un tel choix artistique, difficile de ne pas comparer Lan Yu à Happy Together, un des films asiatiques phares des années 90 à la thématique sensiblement identique. Mais si Lan Yu - dont la mise en scène assez lisse parvient rarement à faire exister réellement les personnages - est sans surprise très loin du niveau émotionnel et visuel de l’œuvre de Wong Kar-Wai, il réserve cependant de jolis moments d’intimité, d’incertitudes et de passion. Dommage cependant qu’une fin si abrupte et si pataude vienne en partie gâcher la fiction.
Non et non, décidemment les deux films n'ont vraiment rien à voir. La différence formele est bien sûr évidente, mais le traitement des personnages l'est tout autant, Stanley Kwan va laisser une histoire se contruire et se déconstruire sous nos yeux et va faire évoluer son personnage principal à la suite de cette rencontre. Il n'y avait rien de tel dans Happy Together où c'est le même enfermement des personnages que l'on retrouve du début à la fin. Bref, laissons là la comparaison et parlons de Lan Yu.
Si on accepte le fait que socialement le film peut être important par le sujet traité vu le contexte socio-politique local, cinématographiquement Stanley Kwan peine ici à convaincre. Le classicisme du scénario est un premier handicap qui aurait pu être rattrappé par une mise en scène un eu ambitieuse, mais malheureusement Stanley Kwan conserve une attitude minimaliste qui n'est pas sans rappeler le plus mauvais coté d'Hou Hsio Hsien. Heureusement que les deux acteurs sont tout à fait crédibles et arrivent à émouvoir malgré la distance que Stanley Kwan met entre eux et le spectateur. Intellectuellement, l'évolution du personnage de Chen Handong est assez intéressante dans sa prise de conscience progressive de l'artificialité de son indépendance. Mais le film manque décidement par trop d'émotions et est dans sa forme trop faussement modeste pour que je le qualifie de grand. A vouloir faire un film socialement marquant, Stanley Kwan est passé à coté de ce qui rend un film unique: son style. Il reste néanmoins à voir pour ceux que le sujet intéresse, faute de concurrents valables dans ce registre ces dernières années. Mais l'on ne m'ôtera pas de l'idée que Stanley Kwan aurait pu faire mieux.
