Rasoir...
Tournée par Misumi la même année que son brelan de films adaptés d'un autre manga de Koike (les 3 premiers Babycart), ce Hanzo the Razor 1: Sword of Justice est loin d'être aussi marquant cinématographiquement. Misumi pose ici très laborieusement le personnage d'Hanzo Itami, sorte de cousin sabreur de Dirty Harry faisant avouer ses "témoins" grâce à un organe siffrediesque avant l'heure et n'hésitant pas à user de gadgets bondiens pour se défendre. Le problème de ce premier volet est qu'il n'est ni assez délirant pour avoir un intérêt purement Bis ni stylistiquement assez soigné pour être digne d'intérêt cinématographique. Les deux aspects étant d'ailleurs conciliés par la saga à geysers mentionnée plus haut au prix de quelques ruptures de tons bancales. Le montage manque ainsi de rythme tandis que la mise en scène de Misumi ne sort du terne que pour offrir une influence manga mal digérée (cadrages rapprochés à effet comique devenus depuis un cliché visuel usé, split screen de mauvaise série télévisée...). Katsu cabotine même si pas autant que bien des seconds rôles du film. Que reste-t-il? Les gadgets bondiens, les interrogatoires très spéciaux mais tout ceci est en quantité trop faible pour rendre le film un minimum jouissif. Et un score sublimement cool alternant influence blaxploitation et pop sixties mais utilisé sans aucun sens de l'interaction musique/images. Un film indigne de Misumi.
Jubilatoire et transgressif
Attention âmes sensibles s'abstenir, ce petit chef d'oeuvre du cinéma bis mérite largement que l'on si interesse!!
Cop and rubber
Véhicule pour l'acteur, très épris de sa personne depuis qu'il est au sommet de sa gloire par la série des "Zatoichi", Shintaro Katsu collabore étroitement avec le mangaka Kazuo Koike pour porter à l'écran les fabuleuses aventures de "Hanzo, the Razor". Policier samouraï sous le règne du shogunat Tokugawa (1603 - 1867) assisté par deux okapikki, des anciens criminels reconvertis, Hanzo est un représentant particulier de la loi, se servant d'armes peu orthodoxes et surtout de son pénis démesuré pour faire parler des femmes. ''Goyokiki-eiga'', véritable sous-genre à part du chambara et mettant en scène des enquêtes policières, la série des Hanzo puise autant ses références dans la récente explosion des films de la blaxploitation (musique, attitudes et personnages), des films d'action musclés américains en devenir (véhicules à star d'Eastwood et Bronson) et des pinku eiga / films à tortures japonais.
Pour ce premier épisode, Katsuo s'est entouré de l'équipe technique de la série des "Baby Cart" et fait appel au fidèle Kenji Misumi, réalisateur ayant déjà lancé et mis en scène plusieurs épisodes de la série des Zatoichi. Malheureusement, toutes les meilleures intentions ne font pas toujours les meilleurs films et Misumi semble bien mal inspiré devant le matériel donné et l'ego surdimensionné de son interprète principal. S'il a le mérite d'introduire parfaitement le personnage et de poser toutes les scènes d'introduction et d'exposition, d'ailleurs largement re-utilisés dans les deux volets suivants, sa véritable mise en scène est bien insipide et loin des sous-entendus subtils d'autres de ses oeuvres. L'intrigue est quelconque et très rapidement expédié, permettant à Misumi de surajouter un second épisode ultra-bref uniquement de quelque intérêt pour permettre de montrer le policier samouraï sous un jour plus humain et d'aborder le délicat problème de l'euthanasie...
A noter, que le titre original ''Goyoukiba'' est un jeu de mots dérivé du terme ''Goyou-kiki'', ''Goyou'' signifiant l'officier. ''-kiki'' se traduit comme le verbe ''entendre (dans une affaire)'', ''enquêter'', alors que ''-kiba'' signifie ''crocs''. L'épisode concernant Lady Oraku ressemble étrangement au fait historique réel concernant la châtelaine Lady Ejima entretenant une affaire avec l'acteur populaire Ikushima Shingoroo. Lorsque le scandale éclate au grand jour, le Shogun en personne a eu à intervenir décidant carrément de raser l'un des quatre théâtres officiels de la ville.