Un wu-xia-pian de série B fin 70' sans prise de tête
L'histoire
Une jeune fille (Nancy Yen) et son père, attaqués par des brigands, sont secourus par un preux chevalier tout de blanc vêtu (Meng Fei). Le père n'ayant pas survécu à ses blessures, la jeune fille apprend à son sauveur que les bandits en avaient après une formule secrète permettant de contrôler les esprits, formule cachée en un lieu précisé sur une carte elle-même dissimulée en un endroit secret. Les deux héros partiront alors ensemble à la recherche de la carte puis du lieu où est censée se trouver la formule : une villa dont le maître se livre à des expériences maléfiques sur des cobayes humains. Ils rencontreront en chemin un couple étrangement constitué : une jeune femme appelée "chaton", avide de belles choses brillantes, flanquée de son mari nommé "la souris" (Sun Yueh) auquel elle fait commettre divers "emprunts" afin de satisfaire ses envies. Poursuivant leur chemin les femmes d'un coté et les hommes de l'autres, ils croiseront chacun divers personnages oeuvrant pour le compte de la mystérieuse villa et notamment la jeune soeur capricieuse du maître des lieux (Doris Lung) qui jettera son dévolu sur le beau chevalier blanc. La suite ne sera qu'aventures mêlant héroïsme, romantisme, jalousie et trahison...
Le film
Sur une intrigue cohérente mais franchement légère (difficile même d'appeler cela une intrigue), le récit enchaîne les péripéties (dont beaucoup de croisement de personnages) plutôt qu'il suscite la surprise. Très rapidement, la seule attente du spectateur sur ce point, en dehors de savoir la fin de l'histoire, sera de voir enfin le chevalier blanc dégainer son épée (il la gardera dans son étui jusqu'à la fin du combat final... oups... spoiler...). De la même façon, l'interprétation se montrera classique et peu nuancée, tout à fait en rapport avec les personnages simples et stéréotypés de l'histoire.
Au niveau action, en revanche, le rythme ne faibli pas et propose de nombreux combats, nerveux (car rapides et montés serrés) et acrobatiques (ça saut-périeute et ça vole dans tous les coins). Malheureusement pour les amateurs de belles techniques, ils se montrent souvent peu lisibles autant que franchement datés par un coté que je juge personnellement trop maniéré (manque de fluidité). La performance des acteurs est malgré tout honorable sur ce plan, y compris de la part de Doris Lung qui nous convaincrait presque de son habileté à manier l'épée et à vaincre les règles de la pesanteur.
Coté ambiance générale, on a droit à un mélange particulier avec d'une part le coté léger des kung-fu comedies de l'époque, gag-esques et caricaturales à souhait, et d'autre part le romantisme héroïque et fataliste du wu-xia. Mais l'association des deux est correctement agencée et passe bien grâce à la légèreté globale de l'ensemble. A noter tout de même une propension particulière de l'histoire à faire souffrir parfois crûment ses personnages féminins ainsi qu'à présenter l'amour comme un sentiment à l'issue désespérée, sinon fatale.
Pour le reste, le film baigne dans un kitch indéniable vu de notre époque, avec ses décors de studio pas toujours haut de gamme (ah, les fonds peints !...), ses cavernes en carton-pâte, ses fumées et ses lumières multicolores. Mais il arbore également un coté inventif avec ses éléments escamotables (lits, fontaines et autres) ainsi que ses passages piégés dignes d'un Indiana Jones sous opium (dont une fausse beauté dévêtue aux tétons lanceurs de dards empoisonnés... BRRRR...).
Verdict
Au final, "Everlasting Chivalry" est un wu-xia-pian de série B fin 70', valant davantage par son coté baroque et son rythme soutenu que par son histoire. De quoi passer agréablement une heure et demie fleurant bon le kitch et l'esprit chevaleresque sans se faire des noeuds dans la tête. Et puis, voir Doris Lung faire la moue est pour ma part un plaisir qui ne se refuse pas... :-)