Pétard mouillé
L’Enfer des armes n’est pas le « brûlot corrosif et outrancier censuré par les autorités tellement il est scandaleux » qu’on veut complaisamment nous présenter, tout au plus le portrait bien inoffensif d’une jeunesse chinoise en manque de repères dans une colonie britannique, et qui est tentée par le terrorisme amateur histoire de s’amuser. Frustré par les 2 échecs commerciaux qu’ont été Butterfly Murders et Histoires de cannibales, Tsui Hark a la fausse bonne idée de s’inspirer d’un fait divers qui a défrayé la chronique et choqué la population (une bombe dans un cinéma) pour tenter de percer en tant que réalisateur et de faire un bras d’honneur à tous ceux qui n’ont pas voulu croire en lui. Son film respire donc la haine, haine de ses 3 personnages principaux, des étudiants aux tronches de cake qu’il affuble de coiffures et de lunettes ridicules et qu’il traite de lâches et d’ignorants, haine de britanniques oppresseurs trempant dans des magouilles mafieuses, haine d’un pays sans avenir. Seule la jeune fille qui est témoin de l’attentat est considérée de meilleure manière. Dans sa frustration, Tsui prend à peine le temps de développer des personnages qui restent caricaturaux, son intrigue – dont le tiers a du être retournée en catastrophe à cause de la censure – s’avère brouillonne et incohérente, et ses quelques provocations (surtout des tortures d’animaux…) restent le plus souvent consternantes. S’il a ouvert la voie à la fameuse Catégorie III à Hong Kong, Tsui signe l’un de ses films les plus déplaisants.
Sombre.
Un film marquant par son climat de violence, aussi bien psychologique que physique. La partie la plus interessante est sans conteste la description des trois ado et de la fille dans leur vie quotidienne, dommage qu'il ait fallu que Tsui soit obligé de monter le coté action trafic d'armes qui dilue l'aspect sociologique. Mais on voit deja tout ce que sait Faire Tsui Hark en quelques plans les intérieurs d'appartements, les couloirs d'immeubles avec cette notion d'espace qu'il sait faire vivre. Le personnage de la fille est le plus intéressantet le mieux traité, il donne son unité au film. L'intrigue passe un peu au second plan mais ce n'est pas vraiment gènant au contraire.
A voir donc, même si on regrettera toujours de ne pas avoir droit à la version originale.
la première réussite majeure de Tsui Hark et un film précurseur
Même dans une version salles mutilée par la censure hk, l'Enfer des armes est la premiére réussite majeure de Tsui Hark. Même si l'histoire est de fracture plus classique que ses deux films précédents, Tsui Hark y poursuit son entreprise de mélange des genres cinématographiques: on passe de scènes d'un gore qui n'a rien à envier aux films d'horreur italiens de cette époque à une intrigue type espionnage où Tsui fait un caméo; des courses-poursuites bien menées alternent avec des clins d'oeil insistants à Orange Mécanique. Tsui était coutumier du fait dans ses deux précédents films mais l'Enfer des Armes est le premier film où le mélange des genres ne nuit pas à la cohérence de l'intrigue. C'est aussi le premier film où les personnages féminins jouent le rôle central qu'ils occuperont dans toute la filmo de Tsui: l'héroine se lance dans le terrorisme parce qu'elle n'a plus rien à perdre et elle domine par sa seule présence ce groupe d'étudiants qui s'ennuie parce qu'il n'a aucun problème. Tsui Hark épingle ainsi une situation économique qui pousse les plus démunis vers l'extrémisme et une jeunesse dorée peut au fait des problèmes du reste de la population. Avec cette satire, Tsui Hark a voulu frapper fort pour secouer une population hongkongaise indifférente aux changements politiques de la région et à l'occupation anglaise mais de façon totalement sincère et premier degré, sans discours simplificateur ni violence gratuite. Malheureusement, Tsui est comme toujours arrivé trop tôt. Tant pis pour le public, tant mieux pour la postérité. L'Enfer des Armes inaugure en effet l'ultraviolence et la rage qui irriguera tout le polar hongkongais des années suivantes et ses effets grandguignolesques peuvent être considérés comme précurseurs du category 3. Si Butterfly Murders inaugurait avec the Sword la nouvelle vague hongkongaise, l'Enfer des armes est avec the Club l'un des premiers néo-polars.
Score pillé et Scope porté, prend ton pied!
L'enfer des armes est un chef d'oeuvre, un film incroyable. Rien que ça. Véritable bombe à retardement sur la société hongkongaise et sur sa violence urbaine, le film de Tsui Hark est un direct du droit en plein dans le menton.
La réalisation est comme d'habitude avec ce réalisateur, un petit condencé de grand n'importe nawak arborant quelques plans tout simplement gigantesques, délivrant un rythme frénétique et haletant. Ici point de concession, il 'n y a pas de gentils : les jeunes bourgeois sont de véritables terroristes amateurs, Wu-Chan est une rebelle dangereuse, Tan (Lo Lieh) est un flic violent et les "blancs" sont la pègre locale, joli programme en perspective!
Lorsque l'on regarde L'enfer des armes, il faut savoir discerner les deux montages différents. Le premier, internationnal et formaté pour plaire aux censeurs est beaucoup plus sombre et direct que le Director's cut. Il s'attarde d'avantage sur le côté "polar" de l'oeuvre, tandis que le Director's cut enchaîne les plans de frabication de bombes, met en premier plan le trio infernal que l'on voit à présent d'un oeil complètement différent.
Il faut dire qu'à travèrs ces deux montages, beaucoup de scènes sautent, rendant le récit totalement différent, faisant presque penser que nous sommes en face d'une nouvelle oeuvre, d'un autre projet anarchique. Tsui Hark enchaîne les scènes cultes grâce à une bande son tout simplement exceptionnelle : Goblin en majorité, du Jean-Michel Jare, un passage du très bon The Warriors de Walter Hill. En tendant bien l'oreille, on peut même entendre un court passage d'Amityville.
Cocktail relativement violent, explosif jusqu'à s'en arracher une jambe, dangereux comme de l'arsenic et terriblement passionnant, l'Enfer des armes est un chef d'oeuvre absolu du cinéma de genre, qui se paye le luxe d'ouvrir la large collection des films classés "Cathégorie III". Il fait partit des films que j'adule, sorte de concentré de cinéma bis d'antan avec tout ce qu'il faut de plans gores en latex, de pillage de musique, le tout déservit par une réalisation bigrement efficace. La critique est profonde, le film est une petite perle anarchique démontrant que Tsui Hark était bel et bien l'enfant terrible de HongKong au début des années 80.
Esthétique : 4.25/5 - J'aime ce style, cette façon de filmer Live, sans quelconque retenue.
Musique : 5/5 - Un bonheur pour les bons gros amateurs de ciné.
Interprétation : 3.75/5 - Si l'ensemble n'est pas parfait, Lo Lieh pète sacrément la forme.
Scénario : 4/5 - Ouvrez les portes, Tsui Hark arrive!
Les charlots posent des bombes
Après deux premières œuvres soit deux premiers bides cuisants, Tsui Hark décidait de mettre à mal les principes moraux de sa génération en réalisant à l'aube des années quatre-vingt un polar anarchiste:
L'Enfer des Armes. L'industrie du cinéma HK jouissait alors lentement mais sûrement d'un bel essor commercial, pendant que le cinéaste revanchard comptait bien balancer son brûlot dans la figure de ceux qui l'avaient dédaigné, tout en l'adressant également à l'encontre d'une société urbaine rongée par la violence.
Hélas, le film dans son propos comme dans sa forme a énormément vieilli. Ce soi-disant nihilisme dont on parle tant n'est en fait qu'un petit quota de scènes provocantes ou dérangeantes placardées au centre d'un métrage souvent ennuyeux, bancal, à l'intrigue mal construite et à l'interprétation pathétique (ce qui concerne en particulier les trois acteurs principaux dans leurs rôles de jeunes bourgeois rebelles, totalement à côté de la plaque). La mise en scène ne produit pas plus d'étincelles avec ses nombreux plans à l'arraché, son montage bâclé et ses très mauvais éclairages, surtout durant les séquences opaques ou nocturnes. Le ton se fait d'autant plus déplaisant que Tsui Hark n'hésite pas à « s'approprier » des BO d'autres œuvres, dont celles du film d'horreur
Zombie de George A. Romero et des
Guerriers de la Nuit de Walter Hill, qui résument d'ailleurs la musique de
L'Enfer des Armes – plagiat facile et plutôt honteux. Reste l'atmosphère de l'ensemble: l'univers sombre, insalubre et tout sauf idyllique des bas-fonds de Hong Kong est ici retranscrit avec énormément de crédibilité par un réalisateur qui avait pourtant commencé par s'intéresser – de manière certes nuancée – au wu xia pian. Voilà qui suffit à justifier le fait de voir ce polar bourré de défauts et mal maîtrisé, mais doté d'une certaine valeur historique dans la mesure où il fut l'un des premiers si ce n'est le premier film à avoir enduré la classification locale dite « Category 3 » établie pour les fictions à caractère violent, amoral ou injurieux. Il existe de ce film deux montages: la version distribuée en salles, modifiée et retravaillée sous la demande de la censure de l'époque, et celle reconnue par Tsui Hark en personne. Si certains enjeux scénaristiques diffèrent sensiblement (dans le director's cut, la descente aux enfers des trois jeunes gens est déclenchée non pas par l'écrasement d'un piéton avec une automobile mais par l'explosion d'une bombe dans un cinéma), il n'y a rien qui puisse véritablement distinguer l'une par rapport à l'autre, et l'on pourra même afficher une préférence pour la version salles qui ne contient au moins pas les digressions humoristiques douteuses présentes dans le montage d'origine.
L'Enfer des Armes, polar vaguement provoc et à peine plus violent que la normale, n'est guère représentatif du futur génie de Tsui Hark (
The Blade,
Shanghai Blues,
Il était une fois en Chine,
The Lovers,
Time and Tide), réalisateur encore en phase débutante et mal à l'aise dans un genre avec lequel il fera mouche en tant que superviseur ou producteur (la trilogie culte
A Better Tomorrow, le déchaîné
The Big Heat). Il constitue malgré tout un objet abordable dans la filmographie du talentueux barbichu, valant pour sa saisissante peinture urbaine plus que par ses qualités cinématographiques en soi.
indispensable à l'histoire du ciné HK
je l'ai vu en director's cut, le film révèle bien toute sa force: Tsui HARK a voulu dynamiter la société contemporaine, en faisant un film très radical, jusqu'au boutiste dans sa violence crue, et en fin de compte une critique hargneuse et nihiliste de toutes les couches de la société.
pas besoin d'en dire plus, ce film doit etre vu au meme titre qu'Orange mécanique, auquel on le compare souvent, c'est une des réussites majeures de Tsui HARK, alors dans une veine engagée.
c'est beaucoup plus marquant et efficace qu'un SCHOOL ON FIRE, et ça a ouvert la porte aux catégories 3, ce que le film est en fait, une cat.3 élevée au rang d'oeuvre magistrale.
Au niveau de la critique sociale ou des contextes politiques, je n'ai vraiment pas assez d'éléments, de connaissances pour avoir un tel regard sur le film, à cause de cela, je suis donc certainement passé à côté du film, ou tout du moins de pas mal d'éléments.
Mon opinion est doute purement subjectif...
J'ai trouvé le film très long, avec des personnages pauvres, trop caricaturaux et en plus mal joués (beaucoup trop surjoués, ce qui renforce la caricature), une histoire mal racontée avec des éléments que je trouve beaucoup trop faciles, un film qui manque de rythme, décousu, qui fait plutot brouillon (pire que pour Butterfly Murders).
Je pense que Tsui Hark voulait bousculer...soit dans le contexte critique social, soit dans le choix de faire quelque chose de différent...soit dans le choix de se faire remarquer...
Bref, j'ai vraiment trouvé çà mauvais.
Encore un Tsui Hark totalement surestimé
A chaque fois que je découvre un Tsui Hark, j'en ressors souvent avec le sentiment que l'oeuvre a largement été surestimé par la critique. "L'Enfer des Armes" n'y échappe absolument pas. Bon, je peux comprendre que les spectacteurs occidentaux qui l'ont découvert via les vhs de la fin des 90's ou au début des années 2000 aient pu être impressionné. Mais dès qu'on creuse un peu le cinéma de l'époque, et surtout le cinéma "bis", on se rend facilement compte que ce Tsui Hark est tout à fait moyen. Hark a peut-être fais bouger les lignes du ciné HK à cette époque, mais il faut bien comprendre que ça se limite à HK ! Ce film en particulier s'inscrit dans la continuité direct d'un cinéma bis occidental très 70's dans l'esprit. Donc pessimiste, amoral, parfois ultra violent. L'inspiration du cinéma italien est omniprésent, et ça ne se limite pas à l'emprunt de la BO de Zombi : il y a clairement beaucoup de Fulci là dedans, du Corbucci etc... Mais Hark n'atteint clairement pas le même degré de maitrise, ce qui n'est pas grave : l'homme était plus jeune et avait moins d'expérience. Mais le critique devrait quand même se rendre compte que ce film n'atteint clairement pas le niveau de ses modèles. Un casting globalement mauvais (aucun des jeunes acteurs n'ont percé ensuite) à part Lo Lieh évidémment qui crève l'écran mais qui n'est pas suffisamment mis en valeur par le script, des méchants totalement caricaturaux que ça en devient génant, même si ça sert une partie du scénario (la peur iraisonnée des étrangers d'un des jeunes protagonistes), un montage assez nerveux qui tranche avec le classicisme HK de la décennie précédente mais reste globalement assez brouillon. Le final, très très inspiré des westerns spaghettis, viscéral et nihiliste demeure efficace. Par contre Hark parvient assez bien a donner une image sombre et crasseuse des bas fonds de HK, sans doute la plus grande réussite de son film. Tout l'aspect sois-disant social du film tombe à plat : le jeune trio et la fille ne sont pas attachants, les quelques pistes qui nous sont données pour que l'on comprenne leurs errements ne suffisent guère à donner une quelconque justifications à leurs actes... Finalement, on a juste l'impression de suivre des jeunes abrutis et l'on plaint le pauvre Lo Lieh (également quelque peu désoeuvré le bonhomme) de se retrouver mêler à cette histoire.
Contrairement à ce que j'ai pu lire, ce n'est pas du tout la première fois que le ciné HK aborde des thèmes plus "social" et notamment sur la jeunesse, même si ce genre de ciné est rare chez eux. On pensera par exemple à "Dead End" de Chang Cheh, certes très classique sur la forme, très inspiré de "La Fureur de vivre" mais dont les personnages étaient bien mieux construit et donc attachants.
Bref, une fois de plus la (bonne) réputation de Tsui Hark l'emporte sur la réélle qualité intrinsèque du film. Très bancal et innabouti, "L'enfer des Armes" mérite par contre d'être vu par tous les amateurs de films bis.
film tres dur inspiré d'un fait divers de la violence gratuite a hk
3eme film de tsui harket changement de genre,apres "butterfly murders" et "histoires de cannibales" tsui nous enmenes a hk pour un film noir violent et victime de la censure.si vous avez la chance de voir ce film apres le générique final tsui hark explique le comment et pourquoi ce film a été censuré.a voir absolument
Un film culte. Merci à HK Vidéo et à leur édition permettant de visionner le film original tel qu'imaginé par Tsui Hark.
Excellentissime.
Bien noir, pas mal que la k7 HK fasse voir après le film les morceaux censurés, personnellement, la 1ère version c'était quand même pas mal du tout. A voir absolument!
20 décembre 2001
par
JulB
La violence à l'état brut!!
Plus connu en France sous le nom de "l'enfer des armes", ce film est au cinéma ce que la rage est à la colère...c'est à dire l'aboutissement d'un vice : le paroxysme de la violence(morale comme physique).
Pour l'histoire, apres avoir involontairement tué quelqu'un, trois jeunes subissent le chantage d'une adolescente dérangée.Ensuite les choses vont se compliquer lorsque cette bande va se retrouver confrontée à des veterans du viet-nam (ils leurs avaient volé quelques millions...).
Ce film est representatif des craintes de la jeunesse d'une époque(les années 80).Il s'agit donc d'un film révolté, immoral, anarchiste, à l'image des jeunes héros du film.
C'est un portrait sans concession d'une société décadente, un pamphlet, pour être plus clair, une véritable raffale de balles jetée en plein public...
Jugez par vous meme, on assiste à du sadisme, des tueries, des actes terroristes(de la part des gamins), le tout accompagné d'un discours politiquement incorrect(le film a été interdit...)
Enfin, il marque le debut de la carriere remarquable de Tsui Hark.
Hong Kong mecanique
Tsui Hark aime mettre des claques mais celle ci reste monumentale. Malsain, prenant, controverse, critique sociale, bref un classique bien qu'un peu décousu et fourre-tout.
Rencontre du troisième type
"Dangerous Encounter - 1st Kind" est le plus mauvais film de Tsui Hark. Ce n'est pas un hasard, pourtant, si les cinéphiles de tous bords l'ont canonisé manifeste d'une génération Nouvelle Vague éprouvée par son histoire, et phagocytée par un régime de cinéma qu'elle ne maîtrisait pas : il est vrai qu'il y a de ça, il est vrai qu'il y a, dans "Dangerous Encounter - 1st Kind", comme une bad vibration qui court tout le long de l'échine du film, et qui est vibration politique, de politique de la création bien davantage que de politique des images, une vibration révoltée et excitée qui tente de trouver sa voie au milieu des cadavres. Film métaphorique, alors ? Non. Bien sûr que non. Pas plus, d'ailleurs, que film métonymique : "Dangerous Encounter - 1st Kind" n'est en effet pas non plus ce brulôt existentiel qu'a tenté de nous vendre la critique aficionado. Non, Tsui Hark n'est pas le Ken Loach hong-kongais, ce n'est pas un cinéaste du réel, ce n'est pas un cinéaste de la vérité, ce n'est pas un cinéaste de génération, ce n'est pas un cinéaste des états de choses. Au contraire, pour Tsui Hark, les états de choses constituent des ressources plutôt que des objets, des noeuds pour faire dévier les flux d'images plutôt que des contraintes pour les concentrer. La réalité, Tsui Hark passe toujours à côté, au-delà, ou en-deçà. Il l'a assez dit : le réel, il s'en fout. Et pourtant. Pourtant, il y a comme une reddition, dans "Dangerous Encounter - 1st Kind". Une reddition, comme si Tsui Hark, pour la seule fois de sa carrière, avait abandonné quelque chose. "Dangerous Encounter - 1st Kind" est un film las, un film mou, un film abandonné, jeté au hasard des scènes de foules et des courses effrénées. Courir, mais pourquoi ? Trembler la caméra, mais encore ? Jouer des filtres, des avant-plans sophistiqués, et alors ? Tout cela, dans "Dangerous Encounter - 1st Kind" n'est que gimmick, signature auteuriste, signe surajouté à une bande qui n'en demandait pas tant. Ce qui reste ? Une histoire bancale comme seule Tsui Hark sait ne pas les raconter. Un truc foireux, bricolé quasiment en direct, lancé sans conscience dans les dents des spectateurs. Une histoire de jeunes paumés, et de méchants qui puent. Au moins, cela permet de foutre du sang partout, c'est déjà ça. Mais c'est aussi pourquoi il faudra toujours en préférer la version commerciale : la director's cut, objet culte et plutôt minable, est encore plus mauvaise, parce qu'encore plus lâche, encore plus signifiante, encore moins cinématographique. Carrément ? Oui.
Voir le director's cut
A voir le director's cut ! L'ordre évenementiel est presque du n'importe quoi, la ringardise de la musique, des vêtements et des coupes de cheveux contraste avec la dureté assumée et parois ratée de Hark (cf la mort du chat). Lieh est fou, les trois étudiants débilisants et la fille sans aucun talent d'actrice. Alors quoi ? Eh bien, pour moi, cela sent vraiment le sincère qui suinte à chaque idée de mise en scène, même si ce n'est pas placé au bon moment ou pas avec la bonne musique. Loin d'être un chef d'oeuvre, ce film passe comme une fusée et la fin est ce qu'il faut de sombre et violent, sans tomber ni dans la caricature, ni dans le surfait, ni dans la redite.
L'enfer est sur terre
Avec ce premier film urbain Tsui Hark règle plus explicitement que dans ses films précédents ses comptes avec la société Hong Kongaise qu'il décrit comme étant avide, violente et suffisante.
L'élément central du film est la défiance, la provocation, que ce soit dans le fond (chez les personnages principaux qui manient le cocktail molotov et la bombe artificielle comme personne) ou dans la forme (scènes gores et de cruauté).
Techniquement il n'y a pas grand chose à reprocher au film (une constante chez Hark) et dès que le rythme s'accélère les mouvements de caméra collent parfaitement à l'action. Le scénario est moins bien écrit, et particulièrement les rôles des méchants, tellement caricaturaux qu'ils en sont peu crédibles.
L'emprunt à Jean-Michel Jarre rappelle aussi qu'à l'époque il était au goût du jour mais qu'aujourd'hui sa misique sonne très démodée (Au fait JMJ, oublie pas d'apprendre la devise française dans le bon ordre, ça faisait un peu tâche dans ton concert de Beijing).
UNIQUE
Troublant, dérangeant, monstrueux, fort, génial. Un grand film coup de poing réalisé par
Tsui Hark et qui n'a pas pris une seule ride.
Préférez bien entendu le director's cut.