Monument
Summum international du Disco movie dans toute sa splendeur kitch, comment ne pas tomber dans les superlatifs insensés et la subjectivité la plus maternelle lorsqu’il s’agit d’évoquer ce mètre-étalon du premier degré bollywoodien ? Peut-être en gardant à l’esprit que ce nanar porté au culte depuis son déterrage d’un bouibouis Indien n’est qu’une infime partie visible d’une vague déferlante de disco movies 80’s qui reste à élaguer dans sa grande majorité.
Le compositeur Bappi Lahiri, auteur des titres disco les plus improbables et énergisant qui soient (comment ne pas se mettre de bon humeur et faire le foufou à l’écoute de « I am a disco dancer », titre phare du film) rééditera lui-même par deux fois, toujours en collaboration avec le réalisateur et l’acteur principal, la veine disco avec "Kasam Paida Karne Wale Ki", fortement influencé par Michael Jackson période "Thriller", puis en 1987 avec "Dance Dance", sorte de Disco dancer : le retour, qui reste encore à dénicher.
Fortement influencé par les étalons américains 70’s du genre, l’histoire de Disco dancer ne peut s’empêcher de foncer dans la non-crédibilité totale. Chanteur de rue né pauvre et sans avenir, Jimmy (Mithun Chakraborty) revient à Bombay pour devenir une star du disco dans le seul but de venger sa mère insultée et emprisonnée par Mister Oberoi alors qu’il n’était encore qu’un enfant. Son talent certain bientôt repéré par un manager star académicien, Jimmy traverse alors le film en répandant la bonne parole disco, se frite à coups de pas de danse et quelques poings à l'occasion, tombe amoureux de la fille d’Oberoi (Kim) et termine sa quête avec une sorte de défi-défilé contre le fils Oberoi lui-même roi du disco à Bombay.
Vu comme ça, ça pourrait presque tenir la route, voir sembler déjà vu et sans intérêt… Ce serait un peu vite omettre la joie qui émane derrière la réalisation au lance-pierre surexcitée, le budget d’un comité des fêtes prêt à tous les sacrifices, les danseuses engoncées dans leurs moulants pailletés, le public en furie et au milieu, Jimmy et d’autres acolytes qui feraient de Carlos un modèle de sobriété scénique. Et c’est sans compter sur le premier degré confondant de l’ensemble qui n’hésite pas à balancer en blocs des messages d’égalité sociale et de persévérance face à l’adversité disco…
On entend parfois des rumeurs comme quoi même un extrémiste du Parti Radical Anti-Bollywood ou même un classiquien indécrottable peuvent craquer et se lever sur leur table de salon pour chanter en cœur avec Jimmy, oubliant tous de leurs préceptes à leur plus grand désarroi. Disco dancer est superbement mauvais mais aussi une arme puissante qu’on se le dise.