Come on baby, relight my fire !
Rétrocession oblige, le sous-texte est là encore plus riche et précieux qu’auparavant. Au sein de ses divertissements, Tsui Hark a toujours glissé quelques réflexions, messages et philosophies. Qu’on se souvienne de Green Snake et de son pamphlet rageur contre l’endoctrinement religieux, de son Syndicat du crime 3 où l'uniforme y était montré comme ennemi premier de l'humain, ou encore de Swordsman 2, qu’il ne réalisa pas officiellement, et de sa folle déclaration d’amour, déjà, avant The Blade, au champs de l’emprise. Ou quand l’amour, justement, régit les hiérarchies, les décisions, les actes. Dans Dee – et Tsui Hark en est-il un, de dandy ? – il en raconte, des choses, et croyez-moi ça fait un bien fou après la vague de chinoiseries anti-fun (@Astec) qu’on nous balance en masse, un terme péjoratif que ce « chinoiseries », qui revient de mode, la très grande faute en revenant à la Chine elle-même. Je viens de voir Ip Man 2 et reste encore groggy par tant de bêtise. Les arts martiaux, ainsi que la Chine, n’en méritaient pas tant.
Avec Detective Dee on ouvre la fenêtre comme on écoute le discours d’un politicien ou d’un penseur que l’on apprécie : la bouffé d’air frais requinque son homme. En prison, Dee est contraint de brûler des livres. Ce sont les maux de la Chine qui y sont décrits, détruits, et à cette dernière de ne conserver que les œuvres qui abondent dans son sens puisque, après tout, tout va bien. Comment ? Non ? Que l’on brûle celui qui ose affirmer le contraire ! Hop, ça, c’est fait, glissé dans le scénario. La Chine, d’ailleurs, parlons-en de cette femme puisqu’elle est définie comme telle. C’est LA Chine, China, aussi quoi de mieux qu’une femme pour l’incarner ? Quoi de mieux qu’une période pendant laquelle une femme gouverna pour mieux imager le propos ? Quand à la fin Dee se prosterne devant elle, il ne fait pas montre du jusqu’au-boutisme absurde du personnage de Jet Li dans le film de mouton – sheep’s movie ? cheap’s movie ? – Hero de Zhang Yimou. A cet instant, c’est Tsui Hark qui parle, tout comme d’ailleurs un Oliver Stone parlerait de l’Amérique ou un Mathieu Kassovitz de la France : il l’aime son pays, mais certainement pas aveuglément. Depuis sa pose pseudo soumise, le sage parle, prodigue un humble conseil, un modeste souhait. Il prône ainsi la communication. Les solutions ne se trouvent pas toutes dans le sang, dans la trahison. On peut gouverner et même conserver le pouvoir, parce que c’est de cela qu’il s’agit, par d’autres moyens.
Je finis sur un ton plus léger : de revoir ce même lien entre la reine et sa régente qui unissait déjà Asia l’invincible à sa maîtresse dans Swordsman 2 ajoute un certain piment à l’ensemble. Le champs de l’emprise domine toujours ! Ô joie que procure ce grand retour de Sifu !
Tsui Hark n'a pas encore tout Dee...
Ouf ! On craignait que Tsui Hark ne soit sur une très mauvaise pente après ses deux derniers longs, mais en revenant à ses fondamentaux avec
Detective Dee, le film de genre façon wu-xia, son cinéma retrouve enfin des couleurs et ses fans de bonnes raisons d'y croire encore. Car si
Detective Dee n'est pas son meilleur film, ni même un de ses meilleurs, le résultat n'en reste pas moins un très bon divertissement, avec des petits moments de grâces le temps de quelques plans. Le signe d'un projet de mise en scène matrisé à défaut de novateur. Le scénario est ainsi ludique avec son foisonnement de situations mais pas assez sophistiqué pour sa dimension "detective", pas plus que ne l'était celui de
The Butterfly Murders qui déjà, en tant que premier film de Tsui, marriat wu-xia et detective story . Quant aux scènes d'action, si elles sont nombreuses, proprement chorégraphiées et bien intégrées à la narration, elles ne constituent clairement pas l'enjeu premier de la réalisation. Une fois ces limites identifiées et digérées,
Detective Dee séduit par son côté serial, son ambiance, ses personnages, son allant, son esthétique typiquement Film Workshop et un Andy Lau parfaitement à l'aise dans le rôle. Un bon "package" qui a permis au film de rencontrer un succès mérité en Chine, au moment de sa sortie, et les honneurs d'une sortie en salle en France agrémentée d'une petite campagne d'affiches plutôt soutenue (du moins dans la capitale) qui fait plaisir à voir. Le film est clairement à (re)découvrir sur grand écran.
Mais surtout, la plus grande vertue de ce
Detective Dee, c'est d'avoir repositionné le réalisateur comme "bankable". Son wu-xia en 3D stéréoscopique en cours de tournage, qui marque ses retrouvailles avec Jet Li, en est sans doute la meilleure conséquence.
Je suis pas trop fan de Tsui Hark, mais il a au moins le mérite d'être divertissant et de toujours chercher à nous en mettre plein les yeux. Le synopsis est plutôt acrocheur, on se retrouve avec ce qui se veut être une enquête policière inscrite dans l'univers du wu xia, à l'instar de Wu Xia ou encore Detective K, tous deux sortis cette année. Mais Tsui Hark oblige, on a plutôt affaire à un film d'action dont l'intrigue ne tient pas et qui se conclue de la manière la plus spectaculaire et destructrice possible. Detective Dee n'a que peu d'occasions de nous montrer ses talents de fin limier, et son raisonnement est même incompréhensible parfois (je cherche toujours à comprendre certaines de ses conclusions...). Les effets spéciaux sont pas mals, on sent qu'il y a du budget derrière, et ça nourrit les ambitions du réalisateur mégalo. Finalement on s'amuse pas mal devant ce film, c'est divertissant, mais c'est clairement dommage de perdre tout l'originalité potentielle pour nous gaver de combats pas toujours réussis. Cela a au moins le mérite de replacer Tsui Hark dans le paysage cinématographique hongkongais.
Divertissant. Le maître est encore là par instants
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notre dossier pour un avis complet.
Retour de flamme
Dix ans…dix ans déjà, que Tsui Hark nous a pondu son ultime chef-d'œuvre, l'un des meilleurs actioners de ces 20 dernières années, le polar urbain hyper tripant "Time & Tide". Un film, qui semble avoir servi de véritable exutoire après son expérience américaine hyper décevante, qui l'aura brisé plus que de raison, comme en témoigneront les dix ans de disette qui vont suivre…
Tsui Hark, comme beaucoup d'autres artistes, appréhende la fameuse rétrocession de 1998…en revanche, étant au firmament de son incroyable carrière, il espère également franchement détonner de l'autre côté de l'Atlantique, où il pense trouver pores ouvertes et sommes infinies à sa disposition…"Double Team" et "Piège à Hong Kong" n'en seront que des expériences plus douloureuses. Incompréhension de la pat de ses producteurs et de ses techniciens, il ne saura absolument pas s'imposer dans un système ultra formaté, qui n'aura aucune considération pour lui – pire, il va se retrouver avec un premier acteur, Jean-Claude van Damme, cocaïné jusqu'aux yeux…et qui va entraîner Hark sur les mêmes pentes poudreuses…La suite, on la connaît, avec deux oeuvrettes, qui font aujourd'hui le bonheur des fanas de nanars et les primes à répétition sur nos chaînes de la TNT…
A son retour à Hong Kong, Tsui Hark va être confronté à une réalité économique désastreuse pour lui: fini l'âge d'or, les productions tournées à outrance et – surtout – son statut de producteur omniprésent totalement remis en question: à force de s'être embrouillé avec tout le milieu, il n'a plus personne sur qui compter et la crise cinématographique ne va nullement lui permettre de trouver les fonds nécessaires pour donner corps à ses visions. Tsui Hark vivote, Tsui Hark n'est plus que l'ombre de lui-même. "Zu 2" constitue un essai infructueux de renouer avec son ancienne "magic touch", "Black Mask 2" est un must-see pour tout amoureux de nanar et le parfait cas d'école de ce qui n'est PAS à faire au cinéma…"Triangle" un exercice de style hyper décevant à l'intention d'un marché international, qui réagit avec un accueil tiédasse à l'image du résultat du film en lui-même. "7 swords" est une vraie déception de la part d'un réalisateur, qui ne semble pas avoir cru à fond dans son projet et "All about women" un essai timide pour tenter de pénétrer le marché chinois avec une comédie mi-figue, mi-raison ne rendant absolument pas justice à son imparable timing comique des beaux jous des années 1980s; quant à "Missing", Tsui Hark se loupe sur toute la ligne.
"Detective Dee" constitue donc un vrai retour en grâce; un projet dans lequel Hark s'est vraiment impliqué en menant des recherches pendant des longues années et qui semble, l'espace des deux bons tiers du film, un formidable terrain de jeu, sorte de passage en revue de l'ancien savoir-faire du maître, qui prend un malin plaisir à s'auto-référencer en sortant un véritable "best of" de tous ses premiers.
Il n'y a qu'à prendre le film en lui-même, actioner historique doublé d'une enquête policière, tout comme l'avait été son premier, osé, "Butterfly Murders" en 1978. La suite est un festival d'autocitations, depuis la formidable scène de séduction entre le détective et son accompagnatrice aux scènes vaudevillesques toutes droites de ses meilleures comédies, "Peking Opera Blues" en tête. Durant la suite, on retrouve des combats et situations semblant fortement s'inspirer à la fois de ses propres réalisations comme la franchise des "Il était une fois…" (jeu d'échelles et de poteaux de bois) ou "The blade", comme de ses propres productions, avec des emprunts aux "Histoires de fantômes chinois" et aux "Swordsman" avec le personnage "transgender" notamment. L'intrigue file à toute vitesse, accumulations de scénettes sans véritable queue, ni tête, dans des décors directement empruntés aux films de Choh Yuen, auxquels les films de sabre de Hark ont toujours beaucoup empruntés, mais qui n'auront jamais été aussi présents en mémoire avec son intrigue policière abracadabrante et ses mondes souterrains (qui n'est pas sans rappeler celui de "Legend of the bat"). Du bon vieux Tsui Hark, donc, qui étale une nouvelle fois toute sa propre passion cinématographique et fait un formidable lien entre cinéma du passé et du présent, dans une superproductions chinoise, qui n'est pas sans rappeler les énormes blockbusters de la Shaw de la meilleure époque…
Mais dès le départ, l'ensemble semble tout de même fragile avec une intrigue incohérente, véritable ramassis d'invraisemblances et de détails tirés par les cheveux, et qui va effectivement se dénouer en quelque chose d'assez décevant avec un coupable très rapidement identifié…mais si là n'est pas le vrai propos, on peut également s'agacer au manque d'approfondissement du personnage du Détective Dee. Personnage, qui n'a rien à voir avec celui développé dans les romans de van Gulik et Le Normand, il promet avec sa part de mystère et de lourd passé et est interprété avec brio par un Andy Lau, qui prend en charme et maturité de jeu avec l'âge. En revanche, et comme souvent avec Hark, on reste terriblement à la surface des choses, n'effleurant que des aspects que l'on devine passionnants, si seulement scénaristes et réalisateur s'étaient donné la peine de les approfondir.
De même, finalement, que les scènes d'action…S'enchaînant à une vitesse folle, leur réalisation manque du rythme et du souffle épique des meilleurs Hark d'antan, comme s'il avait oublié d'en tourner une bonne partie. Le manque de talent martial de la plupart des interprètes est évidemment un handicap, mais n'avait pourtant empêché Hark d'en tirer le meilleur de son casting par le passé…Le rendu est donc indéniablement brouillon, voire franchement ridicule dans leur exécution, comme dans cette attaque de cers en images de synthèse, grand moment de n'importe nawak, comme seul Hark sait les mettre dans ses films. Dommage, car entre les lieux et inspirations, il y avait matière de faire des étincelles à l'écran, mais on reste loin des morceaux de bravoure, que constituaient notamment les films autrement plus décevants qu'étaient "Hero" ou "Le secret des poignards volants".
Et puis, si les chinois ont permis de donner à Hark l'argent et compétences nécessaires pour réaliser un projet de cœur, on coupe pas à la sempiternelle leçon historique et de moral avec un Dee rebelle et marginal, qui va finalement se soumettre à la despote (pourtant tyrannique, bourreau et n'hésitant pas à tuer son prochain pour arriver à ses fins), qui régit le pays…ARGH ! Un épilogue, dont on se serait volontiers passé, mais qui semble être le prix à payer pour avoir droit à l'argent et aux autorisations de réalisation…
Une belle promesse de retrouvailles émues, pas tout à fait tenue jusqu'au bout…mais qui semble une belle remise sur les rails – il suffit juste de trouver le bon rythme de croisière et le bon cap à suivre pour embarquer le spectateur et lui donner les meilleurs des voyages comme au bon vieux temps…Et en ce qui me concerne, je serai toujours du b=voyage et suivrai ce réalisateur jusqu'au out du monde pour avoir su me donner parmi mes meilleurs moments de trip cinématographique de tous les temps.
Ca faisait longtemps que je m'étais pas ennuyé autant au cinéma, et pourtant je suis bon public...
La scène de séduction reste la meilleure et pour cette scène je met la note de 1.
mais le reste, qu'est ce que je me suis fait chier!
Scènes d'actions bidons filmées comme dans une série télé chinoise, et avec changement de camera très désagréable ( numérique et pelloche). Scénario bidon avec des déductions à deux balles, CGI pas top des fois (le combat des cerf frise le ridicule).
Je suis allé au ciné super excité, la presse semblait unanime sur le retour du grand tsui, je vois sammo hung aux scènes d'actions..... je suis tombé de haut et suis venu deverser ma frustration ici! y a ni du Tsui Hark, ni du Sammo dans ce film!!! Seul Andy Lau joue son role, toujours très bon dailleur.
Le prochain tsui avec jet lee est en post production. j'espère que ca sera nettement mieu.
Un Tsui Hark sous forme de retour aux sources qui ne supporte pas plusieurs visions: divertissant, mais pas véritablement convaincant.
J'ai d'abord découvert ce film lors de sa sortie sur support en Chine. Pas mal mais il fallait indiscutablement que je redonne une chance au film lors de sa localisation en France pour le revoir au cinéma avec les sous-titres français, voir un Tsui Hark dans une salle obscure, ça ne se rate vraiment pas. J'ai bien mieux apprécié ce film au cinéma, au moins jusqu'à y mettre une note de 4/5 sur cinémasie. Entre temps, j'ai revu certains chefs d’œuvres du maître (les véritables, eux)
. Depuis, dans un désir de savoir enfin si oui ou non ce film mérite sa place dans la filmographie du monsieur, j'ai pu revoir ce
Detective Dee en blu-ray, et un constat s'impose.
Detective Dee se veut donc un revival des œuvres du maître (dont un énorme clin d'oeil à son premier film
The Butterfly Murders pour ce qui est du genre wu xia pian d'enquête) sous forme de grand "entertainment movie", une recette que Hark maîtrise à la perfection, et c'est d'ailleurs pour ça qu'il est principalement divertissant pour celui qui connaît son parcours, et donc peut être aussi pour celui qui ne le connaît pas, mais malheureusement, cela s'arrête un peu là : un divertissement étonnant mais un peu froid. Hey les gars, on parle de Tsui Hark ! TSUUUI HAAARK !!!! On parle juste d'un gars qui a livré une foule de chef d’œuvres aux tonalités incroyables, pas d'un simple faiseur d'image !
Il y a bien sûr de bonnes choses, mais qui se résument globalement surtout au visuel d'une part (certains plans retiennent notre attention, et on s'étonne de découvrir un univers tout droit sorti de la Workshop filmé avec une caméra HD, ou oubliera toutefois les effets numériques un peu gonflants qui n'ont décidément pas le charme du carton pâte qui lui avait le mérite d'être bien réel) et à quelques joutes de dialogues amusantes d'autre part (sans plus, hein, c'est pas
Peking Opera Blues !) entre des acteurs solides bien dirigés (on se plait à voir en Li Bing Bing une digne héritière des muses de Tsui Hark) histoire d'assurer qu'on est pas non plus devant la bouse du siècle, non, juste le
Swordsman du pauvre.
Car en effet, que l'on est loin, en terme de rythmique, tiens, de
Swordsman, justement. Car Detective Dee est lent et lourd, atrocement lourd et lent. Il y a ce scénario sous fond d'enquête qui déçoit dans tout son potentiel, ne fonctionnant que par intermittence à coup de petite phrases. Et puis la plupart des séquences d'émotions sonnent affreusement fausses et froides (où est la châleur d'
Histoires de Fantômes Chinois, l'érotisme de
Green Snake, la simplicité de
The Lovers ?). Car la mise en scène de Tsui Hark, terriblement plate et indigne de son talent empêche constamment au film de décoler, elle est de plus desservie par un score pompeux bien loin des mélodies du regretté James Wong.
Les scènes d'actions, assez réussies dans l'ensemble, ne sont pourtant pas non plus à la hauteur de la filmographie du maître. La séquence du marché fantôme, plutôt admirable à première vue, est un peu pénible dans sa propension à utiliser le ralenti jusqu'a en phagocyter les effets. Il y a bien quelques enchaînements magnifiques, mais ce n'est pas non plus
The Blade. Il y a cette séquence finale dans le Bouddha, peut être la plus réussie au final, un truc à l'ancienne, assez impressionnante, un peu à la
Il Etait une Fois En Chine.
Enfin il y a cette dimension politique chère à Tsui Hark qui parsème le métrage et en particulier la fin, peut être plus habile qu'il n'y parait mais tout de même bien fade. Ce n'est pas
l'Enfer des Armes.
Alors oui,
Detective Dee est un beau livre d'image, pris comme tel un quasi divertissement exemplaire s'il était réalisé par un inconnu, mais qui en réalité prend une place étrangement quelconque dans la magnifique œuvre de Tsui Hark, presque dérangeant lorsque le film est alors à ce point plébiscité par la presse qui pour la plupart n'a évidemment jamais vu les chef d’œuvres de la Workshop.
Divertissement populaire ET de qualité
Voilà comment je qualifierais le dernier Tsui Hark. Détective Dee est un film à grand spectacle dont le côté serial n'est pas sans évoquer, pour nous Occidentaux, les Indiana Jones. L'intrigue se suit avec plaisir même si elle n'est pas le point fort. Mais plutôt son rythme soutenu, comme souvent chez Tsui Hark, et certaines séquences particulièrement réjouissantes (la scène de séduction entre Andy Lau et Li Bing Bing, toute la partie dans le marché fantôme) qui rappellent, s'il en était besoin, que le barbichu le plus célèbre du ciné HK est un metteur en scène de grand talent. Visuellement, le film est vraiment très beau même si le côté numérique donne un aspect aseptisé qui m'a un peu gêné dans les passages se déroulant au grand jour. Les acteurs eux sont impeccables, j'ai beaucoup apprécié notamment les prestations de Andy Lau et Li Bing Bing, et Carina Lau a toute la prestance nécessaire pour incarner le rôle d'une impératrice. On regrettera en revanche que le côté enquêteur du juge soit aussi peu mis en avant. Au final, Détective Dee est un divertissement solide à défaut d'être génial et un Tsui Hark hautement recommandable à défaut d'être indispensable.
Une enquete reussie...
Excellent film rondement mene, avec une intrigue bien ficelee et au mystere toujours entretenu.
L action n est pas primordiale mais est bonne avec quelques morceaux de bravoure.
Les decors sont parfait ( le passage dans la caverne est tres reussie).
Les acteurs sont bons avec en tete un Andy Lau et un Tony Leung Ka Fai toujours en forme.
Un tres bon divertissement hautement recommandable.
La nouvelle preuve qu'a HK personne ne peut égaler un Tsui en grande forme (si ce n'est un Woo en grande forme...).
Que dire pour débuter cet avis, hormis que Tsui Hark a bel et bien réussi à relever la tête suite à deux métrages indignes de son talent (Missing et All about women). Bref, n 'y allons pas par quatre chemins, Detective Dee est une réussite totale possédant toutes les qualités pour devenir un grand succès populaire (façon Il était une fois en Chine ou Swordsman II) et réactiver avec panache la carrière du génie barbichu.
A ce titre, le film évoque sur de nombreux points la majeure partie des productions « Workshop » réalisées durant la première partie des années 90, tout en affichant une facture technique des plus modernes (image numérique, nombreux CGI, etc...) et en utilisant, à bon escient, certaines expérimentations visuelles présentes dans ses derniers métrages (une poignée d'effets testés avec maladresse dans le douloureux Missing trouvent ici une résonance des plus convaincantes).
Merveilleuse nouvelle pour le fan de pélloches estampillées Tsui Hark, Detective Dee parvient, comme précisé quelques lignes plus haut, à réveiller l'esprit « Film Workshop », à réactiver cette formule (magique) faite d'un mélange d'action délibérément fantaisiste (cf la scène ou Andy Lau affronte une harde de cerfs bien vénères !), de poésie picturale (une fois de plus Tsui Hark prouve qu'il est le patron lorsqu'il s'agit de capturer et d'isoler la beauté d'un instant), de romantisme et d'humour (la relation conflictuelle entre Andy Lau et la belle Li Bingbing est à l'origine de quelques séquences savoureuses). De même, on retrouve dans Detective Dee ce fameux regard totalement désabusé sur le pouvoir et sur l'Histoire d'une Chine plongée dans un chaos perpétuel. Comme souvent chez Tsui, le récit nous présente un (ou plusieurs) protagonistes qui tentent de trouver l'équilibre au sein d'un monde plongé dans le chaos. Sans trop en dévoiler, je dirais que, sur ce point précis, la conclusion du métrage se révèle aussi belle que profondément amère.
Bien plus classique et accessible qu'un Time and tide ou un Legend of Zu (films que j'adore cependant), Detective Dee s'impose à mes yeux, comme un grand film d'entertainement populaire au scénario rondement mené et farci de rebondissements jubilatoires, aux personnages bien caractérisés et franchement classes (la première apparition du comissaire albinos !), a l'aura de mystère omniprésente et au souffle romanesque des plus grisants.
Ah quel plaisir, pour l'amoureux de récits feuilletonesques, d'assister à un film qui enchaîne, pour notre plus grand plaisir, moult situations et décors sérialesques en diable... Je citerais à ce titre, l'excellente séquence du Bazaar fantôme (qui, de par son ambiance, possède de nombreuses chances de séduire les amateurs du Temple du lotus rouge) sans oublier toute la première partie du climax final, en forme de jeu de plates formes mouvementé qui rappelle, à certains moments, le morceau de bravoure clôturant Le château de Cagliostro de Miyazaki. Cela semble guère étonnant étant donné que Tsui a déjà cité l'œuvre du maître Nippon, et en particulier ce fabuleux film d'aventures, lors de la séquence de poursuite sur les toits dans Peking opera blues.
Puisque l'on aborde les morceaux d'action présents dans le métrage, venons en aux chorégraphies : Très poétiques et originales, elles risquent cependant d'hérisser les poils des défenseurs d'une certaine orthodoxie martiale étant donné que Tsui Hark et Sammo Hung nous proposent des joutes à mi chemin entre la haute voltige et le tour de passe-passe. Tout l'aspect lié à la prestidigitation renforce considérablement le caractère ludique des affrontements et, comme souvent chez Tsui Hark, s'avère totalement cohérent avec le propos et les enjeux d'un métrage qui ne cesse de jouer sur la tromperie et les faux semblants. La réussite de ces chorégraphies est, comme on pouvait s'y attendre, renforcée par la mise en scène virtuose du maître qui, sans jamais verser dans la démonstration de style ostentatoire, nous dévoile à nouveau sa maestria lorsqu'il s'agit de magnifier les mouvements, les textures et les éléments. A cela s'ajoute un découpage tout simplement parfait, à la fois vif, stylé et parfaitement lisible ainsi que des idées graphiques souvent surprenantes et un sens de la posture iconique toujours justifié et, par conséquent, jamais poseur.
Au rayon des reproches, je citerais juste un ou deux passages légèrement frustrants (que j'éviterais de mentionner pour ne pas spoiler) ainsi qu'une poignée de CGI pas tip-top (mais bon, pour un film HK c'est carrément le haut du panier !) et d'effets visuels dispensables (je pense, en particulier, à une scène de transformation visuellement assez laide) mais c'est vraiment pas grand chose face à la classe absolue du reste.
Pour terminer, je dirais juste que l'auteur de The lovers et Peking opera blues, a fait de Detective Dee exactement le film que j'en attendais... C'est assez troublant, car le bonhomme a l'habitude de déjouer les attentes du spectateur, mais, punaise, quel panard !!!