Un polar correct, même si on est loin des meilleurs du genre
Même s'il a de nombreux défauts, Color of Pain reste un petit polar très regardable, notamment grâce à son scénario un peu plus évolué que le schéma Flic/Bandit habituel, ainsi qu'à sa réalisation de facture correcte.
Commençons tout de suite par ce qui cloche. En fait, il y a de nombreux petits défauts. Le film se traîne un peu trop, malgré son penchant pour l'action. Ce n'est pas tant une question de longueur que de rythme. La réalisation manque de mordant, comme en témoigne la poursuite de voiture la plus lente de l'histoire. Il faut aussi noter les invraisemblances qui nuisent un peu au sérieux de l'ensemble (le ricochet et la radio dès le début du film, mauvais départ) et le manque de profondeur de certains personnages (le trio de cambrioleur HKgais). Quant au casting, c'est mi-figue mi-raisin, avec Sam Lee qui cabotine comme toujours (aucun intérêt), et un Terrence Yin très plat. Enfin, il est évident que le scénario ne réveillera pas les morts avec son originalité toute relative.
D'un autre côté, certains aspects sont assez intéressants, comme les deux personnages principaux et leur évolution, la mise en scène de quelques passages et les performances de quelques acteurs. L'intérêt principal du film provient sans aucun doute du portrait du tueur japonais et du sniper Hong-Kongais, deux personnages un peu perdus et dont la souffrance (une physique, l'autre mental) change le destin. Evidemment ces destins se croisent, et se reconnaissent, avant de bifurquer. Les deux approchent la mort, la recherche, mais l'un est inévitable, l'autre beaucoup moins. Bref, il y a un plus certain à ce niveau, avec des personnages imprévisibles mais pas fous, mûs par cette douleur bien palpable.
Quant aux deux acteurs principaux, ils se débrouillent assez bien, Kenya Sawada n'étonnant pas vraiment mais remplissant bien son rôle, surtout physiquement (avec un court mais sympathique combat), alors que Raymond Wong nous surprend un peu en s'éloigant de ses rôles de beaux gosses. On apprécie aussi de revoir Josie Ho dans un rôle tout sauf glamour, et Lam Suet pour un court passage très appréciable. Hélas le reste du casting est moins percutant, la faute aussi à un scénario qui ne développe guère leurs personnages.
Quant à la réalisation, si l'on peut lui reprocher un évident manque de rythme, le film est tout de même correctement réalisé. Les scènes d'action sont correctement troussés, ce qui est le minimum demandé pour un film de ce genre. Les fans de Double Tap pourront aussi s'amuser à remarquer à l'avance une des pistes du film, en la personne de Tony Ho et ses gestes de tir...
Cahin-caha le film se regarde assez bien, et ses défauts sont suffisament contrebalancés par ses qualités pour en faire un polar musclé très regardable. Evidemment ce n'est pas Full Alert ou The Killer, mais ça n'a jamais la prétention de l'être non plus.
Un casting alléchant pour un film qui tente de remettre au goût du jour les polars Hk d’antan.
Mais le résultat fait de la peine (ça se sentait dans le titre). Kenya Sawada était très charismatique dans "Extreme crisis" en "gros bras assistant". Son retour inattendu fut donc pour moi une grosse surprise surtout dans un film qui annonce clairement la couleur. L’affiche est en effet très explicite sur l’objectif du film. Mais dans "Color of pain", il a le rôle principal et son rôle est trop développé. Où est le problème me direz-vous ? Tout simplement qu’il n’est pas à la hauteur. Ce qui faisait son charme dans "Extreme crisis" atteint ici un ridicule difficilement égalable. L’espace d’un moment on a même l’impression d’être dans un morceau de Full Contact (pas celui de Ringo malheureusement mais celui de JCV) lors de bastons ouvrant les paris. D’ailleurs, jusqu’à ce passage on est malgré tout encore attaché à notre bon vieux Kenya. Puis soudain il pète un plomb (nous refaisant au passage un peu le Leslie de Double tap). Si on comprend qu’il aime ce feeling qui consiste brièvement à jouer avec ces émotions lors de braquages et autres dérapages. On a du mal à comprendre pourquoi il passe de gros dur au grand cœur à celui de gros dur sans pitié. Alors qu’un quartier est complètement quadrillé par la police, il décide de prendre le risque de s’y confronter avec ce que ça implique de morts en plus. Réussissant miraculeusement à s’enfuir, il décide d’envoyer la totalité de l’argent du casse à des œuvres de charité : « on ne fait pas d’omelettes sans casser d’œufs ». Il reste donc un peu de place dans son cœur.
Deuxième bonne surprise du casting est le retour de Josie Ho qui n’a jamais retrouvé un rôle à la hauteur de "Purple storm" où elle était aussi glaciale qu’impressionnante. Dans "Colour of pain" elle assure mais n’a qu’un petit rôle, sans plus. A tel point qu’arriva un moment où je me suis dit « mais au fait, qu’est ce qu’elle devient ? ». Et oui, elle disparaît carrément du film sans qu’on ne s’en aperçoit. Ce qui prouve aussi qu’elle n’y avait pas un rôle très attachant.
Troisième surprise (décidément quel gâchis), c’est la présence de Tony ho dont le jeu est toujours aussi juste et mériterait que des réalisateurs lui confient d’autres rôles dans la lignée de "The longest summer" où il a été découvert. En parlant de ce film, Sam Lee est aussi de la partie et joue comme à l’accoutumé très bien, même si on aimerait le revoir dans des rôles plus proches justement de "Made in HK" ou "Longest summer". Fruit Chan avait incontestablement un nez très fin pour dénicher les talents !
La mixture Anglais/Cantonais/Japonais nous remémore les dialogues aussi ineptes qu'ennuyants des « Gen’X cops » et Cie qu’on croyait définitivement enterrés.
Bourré de défauts, ce film offre néanmoins quelques bon plans et laisse présager qu’avec un peu d’efforts (ou peut-être un peu plus de libertés) Sam Leong est un réalisateur à suivre. N’hésitant pas à s’inspirer des grands classiques (en particulier des films de John Woo), ll délivre quelques plans impressionnants, et le gunfight qui ouvre le film est presque du niveau des films d’antan malgré des yakusas pas assez téméraires enlevant ainsi beaucoup à la sévérité des échanges de balles. Mais personnellement je commence à être épuisé des films qui se distinguent principalement par des effets de mise en scène très stylisés ; ça ne suffit pas à assurer un spectacle passionnant d’une heure et demie (à moins de s'appeler Myung Se Lee). Et ce n'est certainement pas la course poursuite en milieu de film qui y changera quelque chose puisque aller mater la circulation autour du rond point des champs élysées est bien plus impressionant !