Inquiétant et efficace
Kyoshi Kurosawa s'intéresse une fois de plus avec Charisma à l'âme humaine et ses penchants vers la folie et la destruction. Ici la nature n'est pas considérée comme un élément secondaire servant uniquement de thématique mais au contraire, s'affirme comme un personnage à part entière. La botaniste vient à dire au flic (excellent Koji Yakusho) que les hommes ont tendance à voir la nature comme une accumulation d'êtres vivants et non pas comme une seule et unique entité dans son ensemble. Tout est dit, la réflexion de Kyoshi Kurosawa s'articule autour de cette idée et les personnages de son film en font les frais, nombreux sont ceux qui y resteront.
A bien des égards, ce film ressemble à Cure. Le genre du fantastique est superbement maîtrisé par le réa même s'il pourra paraître trop opaque pour certains. Mais tout l'art du film réside dans les non dits (comme souvent dans le cinéma japonais), et Charisma imprègnera le spectateur averti de son atmosphère inquiétante. A voir, assurément.
un film mou et très prétentieux
Avec Charisma, Kurosawa déçoit. On retrouve en effet les défauts et les qualités de Cure mais malheureusement seuls les défauts sont amplifiés. Au niveau des qualités, Kurosawa a toujours un magnifique sens du cadre et crée de superbes ambiances sonores : bruits en sourdines, chants mortuaires qui propulsent le spectateur dans une autre dimension, créant une absence de repères qui correspond au sujet. Néamoins, on a quelques scories de ces deux points de vue: une caméra portée hasardeuse lors du premier plan sur l'arbre et une musique mélange informe d'harmonies orientalisantes, de musique champêtre et de synthétiseurs censée apporter un décalage mais qui ne fait pas rire, même répétée plusieurs fois.
Mais le premier problème de Charisma est d'ordre rythmique: le rythme du film est mollasson, à des années lumière de la tension du meilleur Lynch (qui lui arrivait à trouver le bon tempo d'une enquête en milieu champêtre). Du coup, les retournements font figure de pétards mouillés. Cet aspect se retrouve dans la direction d'acteurs qui manque de conviction. Chez un Tarkovski ou un Bresson, les acteurs sont énergiques, jouent comme si leur vie en dépendait, font par là même exister les concepts philosophiques et du coup le spectateur se sent concerné. Ici, les acteurs débitent leurs aphorismes sur la vie avec une platitude insupportable.
Parlons maintenant des concepts philosophiques du film. La mise en scène insiste lourdement et plusieurs fois sur les barreaux de fenêtres et d'escaliers pour dire que le monde est une prison (dès la première fois on a compris). L'idée que l'homme cherche la liberté mais a en fait besoin d'ordre est une lapalissade. La lutte force de vie/force de mort dans la nature est une autre évidence. Kurosawa pose en philosophe alors qu'il enfonce des portes ouvertes: l'arbre de Charisma n'est pas le sublime monolithe de 2001 qui élevait philosophiquement les astronautes. Le reste du temps, les dialogues ont la platitude d'un téléfilm. Certaines scènes proviennent d'un désir de créer un décalage: Charisma est un script de western transposé dans une forêt et on y retrouve dès lors des personnages typiques du genre -l'homme de l'Est en mileu hostile incarné par Koji Yasusho et la femme qui voit en lui un moyen de quitter l'Ouest-, les scènes de rançon, de braquages et celle du combat au sabre (même si cette dernière se réfère aussi à Mishima qui défendait au sabre une certaine idée ancestrale du Japon) participent de la même logique de vision décalée d'un certain cinéma de genre. Le hic est que ces scènes sont soit soporifiques (braquage, combat au sabre) soit d'un humour douteux: quand le film souligne le ridicule des rançonneurs ou des policiers, il se vautre dans le pire comique troupier, déclenchant plus la consternation que l'hilarité.
Après un Cure aux promesses plombées par sa prétention et un License to Live inégal, Kurosawa ne confirme pas les espoirs placés en lui et surtout ne se situe toujours pas à la hauteur de sa hype critique.
Un film énigmatique
C'est très difficile de parler de
Charisma! Le scénario est basé sur un arbre maléfique qui déchaîne les passions, certaines personnes veulent le détruire alors que d'autres tentent de le protéger. Le film est mené sur un rythme très très lent qui le rend vite rébarbatif.
Si vous voulez voir un film de
Kurosawa, choisissez plutôt
Kaïro ou
Cure.
Ai-je aimé ce film ou l’ai-je détesté ?
C’est en effet la question que je me suis posé après la vision de cette œuvre atypique, quasi-unique en son genre. A brûle pourpoint, il m’a semblé n’avoir strictement rien compris tellement le film est opaque et mystérieux. Il faut dire aussi que Kurosawa s’est apparemment beaucoup amusé à nous lancer des pistes, à nous faire interpréter les différentes scènes de son film tout en nous prenant à contre-pied dans la scène suivante. A la fin, on n’est plus sûr de rien, toutes nos théories se sont effondrées une à une. Beaucoup trouveront dérangeant le fait qu’il n’y a aucune morale, aucune leçon clairement définie à retenir. C’est à chacun de se forger sa propre analyse, sa propre interprétation, et ça, on n’en a pas du tout l’habitude au cinéma. Seuls quelques films nous interloquent à ce point et nous donnent envie de le voir et le revoir pour essayer de percer le mystère qui les entourent (j’ai pensé au Eraserhead de Lynch –1978). Mais y a-t-il une explication rationnelle, tangible à ce film ? Je ne pense pas, et Kurosawa lui-même ne le sait pas.
Charisma est un mélange étonnant de plusieurs genres : il commence comme un policier, avec une prise d’otages assez inédite. Mais très vite on quitte la ville pour se retrouver dans la forêt, une forêt où vivent des arbres et des hommes plus étranges les uns que les autres. Il y est question d’une guerre autour d’un arbre parasite qui tuerait les autres arbres afin de survivre. Certains le défendent âprement comme Kiriyama, estimant que l’on ne doit pas sacrifier le plus fort au profit des plus faibles, d’autres veulent lui faire la peau, comme des écologistes et une équipe d’ouvriers. Jusqu’ici on reste dans le rationnel ; peut-être pourrait-on trouver en creusant un peu une métaphore quelconque qui s’appliquerait à de plus vastes domaines (le combat de la ville contre la nature ?), c’est à voir. Mais une fois que l’arbre soi-disant maléfique est arraché et que la forêt continue quand même à dépérir, on verse dans la fable, où plus rien ne semble avoir de sens : les ouvriers se transforment en zombies et jettent leur chapeau, un arbre atomique géant pousse en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Kiriyama tue Chiziku, une jeune fille un peu fofolle, le plus tranquillement du monde en lui enfonçant un sabre dans l’abdomen, et Yabuike décide à la toute fin du film de retourner en ville, une ville à feu et à sang vers laquelle convergent des hélicoptères de l’armée sans que l’on sache pourquoi…
Charisma est donc un film en dehors de tout ce qu’on connaît, une sorte de film thématiquement expérimental en restant malgré tout d’une maîtrise formelle à couper le souffle (mouvements de caméra, image nickels). Il est en dehors du barème de notation appliqué dans ce site (mon 4,5 ne veut strictement rien dire, mais bon, il faut bien mettre une note). Mais je veux rassurer ceux qui ont envie de le voir : il n’est pas du tout difficile d’accès et n’est pas réservé à un public averti (on ne s’ennuie d’ailleurs jamais durant la projection). Il est juste peu abordable au point de vue du sens, mais là on est tous à égalité, chacun comprend ce qu’il veut… Il y a tant à dire sur ce film que je vais m’arrêter là, en vous répétant de faire l’effort de le voir et de me dire ce que vous en pensez.
J'ai eu du mal à tenir jusqu'au bout...
J'ai acheté ce film puisqu'il était vendu en même temps que kairo et je me suis donc sentie obligée de le regarder. Non pas que l'histoire est déplaisante, l'idée est plutot originale mais ce film est d'une lenteur! L'image est de très mauvaise qualité, les personnages sont tous étranges, la plupart antipathiques, des scènes se suivent sans logiques et sans qu'on conprenne vraiment bien ce qui se passe (notamment de nombreuses scènes dans l'obscurité où on n'apperçoit pas qui joue). On aurait pu espérer au moins de jolis paysages mais il n'en est rien: la forêt est dans un sale état et on dirait que les bâtiments sont tous en ruines. Mon résumé tient en deux mots: lent et déprimant; un film qui ne sert à rien.
A voir pourquoi pas...
Un film du "petit Kurosawa". Le troisième Kiyoshi Kurosawa que je vois, après le flippant Kaïro et l'excellent Cure.
Un film moins bizarre que les précédents, mais tout aussi interressant. Assez étrange, mais fascinant. Lent, mais prenant. A voir, mais ca en plaira surement pas a tout le monde.
............, Kyoshi Kurosawa..........., psy................
Difficile a cerner et pour le moins déroutant.. Narre une philosophie plutôt compliquée et assez sombre..
Charisma est froid et assez compliqué par moment mais heureusement, l'ambiance est détendue par quelques scènes burlesques (bien qu'elles ne ramènent pas grands choses à la compréhension du film, mais bon..).
Et Yakusho Koji y est comme à son habitude, Excellent.
04 septembre 2004
par
seka
toujours aussi poetique que
le style de k. kurosawa.ce film une fois de plus est tres philosophique et je comprends qu'il en soit rebarbatif.moi même l'adorant j'ai du mal à tenir toute la durée et c'est pour ça que je met pas 5 mais c'est un tres tres bon film quand même.
la loi du plus fort est toujours la meilleure disaient' ils? ...
K.Kurosawa nous emmene encore une fois vers une histoire étrange et morbide.
Kiyoshi brouille les pistes, s'amuse avec ses acteurs qui jouent bizarrement certaines scènes, c'est vraiment très spécial.
Sur le thème de l'arbre singulier et de la forêt, j'ai retrouvé les même messages qu'il avait essayé déjà de nous faire parvenir avec "Jellyfish", enfin selon moi. Protéger, détruire, vivre ensemble, s'entre-tuer, autant d'ébauches de théories qui sont mises en avant, sans que le spéctateur ne puisse vraiment en garder une en particulier. C'est vraiment tordu, j'irai même par penser que le couple réalisateur/scénariste a voulu trop en faire... m'enfin !
On peut aussi reprocher à Charisma un manque de rythme, qui a tendance à endormir assez souvent, domage. Les effets sont également assez pourris (sabre qui transperce la femme et la chaise, vieil arbre qui explose), ce qui donne malheureusement une illusion de tournage baclé.
Par contre, pour les points positifs, on remarquera le style intéressant de K.Kurosawa qui est toujours aussi démarqué, ainsi que la prouesse de YAKUSHO Koji, son petit préféré, qui crève l'écran dans ce film !
SPACE CAKE SPICE GIRL???
Charisma est un film au scénario completement tordu et qui ne ressemble a rien.
On peut le résumer en 2 mots: étrange et vain. Ca ne ressemble a rien, mais ça ne raconte rien non plus...
NOTE: l'interet du film est rehaussé par le personnage de la petite fille (meme si on sais pas ce k'elle fout la!!)
Un film étrange
Arte Vidéo a sorti recemment en France un double DVD contenant Kaïro d'un côté et Charisma de l'autre.
J'ai découvert ainsi un étrange film, inclassable, une sorte de
road-movie campagnard où l'on suit les pérégrinations d'un
inspecteur de police suspendu qui part vagabonder dans la
cambrousse japonaise.
On découvre ainsi les membres d'une communauté vénérant ou maudissant un vieil arbre. Ren, un habitué de Kitano, est excellent.
Quelques longueurs certes, mais qui permet aux spectateurs de comprendre le film.
Quelques scènes drôles qui empêchent le film de tomber dans le mélodramatique.
Bref, ce n'est un chef d'oeuvre aussi aboutie que Kaïro mais c'est un film de bonne factune.
A ne pas manquer, la scène des bolets hilarants.
vous avez dit étrange .... ?
curieuse expérience que le visionnage de ce CHARISMA ... Tout y est relativement flou, du scenario au thème même du film, en passant par les motivations des personnages et par la symbolique de cet Arbre, convoité par certains, craint par d'autres ...
Alors on se pose des questions, et chaque spectateur trouve la ou les réponses qui lui conviennent, chacun interprete le film selon ses envies et son point de vue.
J'ai l'impression d'etre passé un peu à coté du film (mais c'est le cas, je pense, d'une grande majorité de spectateurs après une premiere séance)... Peut-etre faudrait-il que je le revoie (même si c'est parfois un peu long......)
un film qui ne m'a pas du tout emballé
contrairement a Kairo que j'ai vraiment adoré, Charisma m'a plutot laissé de marbre. la molesse du film m'as fait somnoler a plusieurs reprises (limite coma parfois!). le scénario aussi, d'un coté des personnes qui veulent détruire un arbre "charisma" qui soit dit en passant nuie aux autres arbres, de l'autre, des personnes qui veulent le protéger, entre les deux un flic qui a été mis a pied (suite a une prise d'otage qui c'est mal fini) . ceci m'a véritablement passioné^^. tout le film se passe dans une forêt et tourne autour de ca.
je me doute bien que Kiyoshi Kurosawa a voulu faire ressortir dans son film , des choses plus profondes que le scénario n'y parait , mais j'était tellement dedans que je n'ai pas du tout fait attention. donc verdict, j'ai trouvé ca d'un ennuie mais a vous de juger. moi qui ai acheté le coffret Kairo/Charisma, je ne regrette en rien cette achat car comme je le disais précedement Kairo est vraiment excellent, mais Charisma franchement "bof".
!?
encore plus qu'à l'accoutumée KUROSAWA essaie de faire un truc zarbi et trippant. d'un côté c'est réussi car c'est vraiment spé. de l'autre je me suis bien gentiment ennuyé, souvent c'est quand même limite foutage de gueule, et pas flippant. néanmoins une expérience intéressante qui comme d'hab se révèle vaine et fade.
juste pour l'ambiance.
L'hêtre humain
Ce n'est que dix ans plus tard, que Nikkatsu lui donne l'opportunité d'adapter les aventures de l'inspecteur Yabuike sur grand écran – et "Charisma" se situe dans la droite lignée d'un "Cure" ou "License to live" et précède très logiquement ses futurs "Kairo" et "Jellyfish".
L4intrigue absconse et en apparence assez simpliste de "Charisma" fait évidemment la part belle à toute sortes d'interprétations. Yabuike le dit clairement: il s'est enfoncé dans la forêt noir et obscure (de son propre esprit ?) pour "chercher autre chose". Il cherche à se sortir de son passé, dont le spectateur ne sait juste, qu'il est surmené, qu'il s'endort d'épuisement sur un banc froid et étroit et qu'il en oublie jusqu'à sa vie familiale (un collègue lui rappelle de prévenir sa famille de son absence…ce qui ne paraît pas outre mesure troubler ses proches). Il va même jusqu'à arborer toujours les mêmes vêtements, preuve ultime, qu'il ne change jamais "de peau".
L'une de ses premières expériences dans la forêt sera de goûte à un champignon hallucinogène, donc de "sortir" de son esprit pour voir les choses différemment, de quitter son enveloppe charnelle pour expérimenter autre chose. La suite des événements n'est d'ailleurs pas sans rappeler des expériences surréalistes à la limite du possible.
Si l'arbre peut bien évidemment être vu comme la métaphore comme le Mal, qui contamine et fait courir les individus à sa perte (mais en même temps, l'homme se sent irrémédiablement attiré par le Mal, comme la forêt, qui est dite s'approcher de l'arbre, alors même qu'il semble les contaminer), il est également la représentation d'une individualité, si l'on pousse la théorisation du déracinement (comme les arbres, qui tombent) de Yabuike jusqu'au bout. Un arbre, à l'écart, qui tient solidement debout, et qui est envié par tous partis, qui finissent par s'entredéchirer autour de lui. Une source d'égoïsme (le mystérieux jeune homme veut le garder tout pour lui et chasse quiconque se rapproche de l'arbre) et d'envie (tout le monde veut se rapprocher de l'arbre et même le déraciner pour gagner de l'argent avec sa revente).
S'inspirant sans aucun doute des délires lynchiens, Kurosawa pousse le concept du surréalisme beaucoup plus loin que son modèle en lui insufflant une véritable raison d'être en plus de se jouer de l'absurdité du quotidien.
Je n'ai rien à ajouter à l'avis de Bastian Meiresonne. Son décryptage, à mes yeux, tendrait à correspondre aux intentions du réalisateur. Kiyoshi Kurosawa dit dans l'interview proposée en bonus du film "Kaïro" (présent également avec "Charisma" dans l'édition double dvd Arte Vidéo) qu'il souhaiterait une apocalypse (totale ?) afin de faire table rase de notre espèce/du monde dans lequel nous vivons. D'ailleurs les fins des deux métrages cités sont semblables. La botaniste que rencontre Yabuike lui indique que le mal produit par Charisma atteint surtout ou/et en premier les jeunes arbres, l'avenir du Japon. Un Kiyoshi Kurosawa à voir pour s'en faire sa propre interprétation.