L'envol
"Cages" bénéficie du récent engouement du cinéma singapourien, promouvant des nouveaux jeunes talents; d'un autre côté, les facilités croissantes en matière de réalisation de films par des supports vidéo toujours moins onéreuses et plus faciles à prendre en main permet également à des nombreux cinéastes en herbe à s'exprimer.
Graham Streeter est de ceux-là. Quittant job et les Etats-Unis à la recherche de sources d'inspiration lui permettant de tourner des films à pouvoir véhiculer des messages "universels", il trouve chaussure à son pied dans la ville singapourienne aux nombreuses références culturelles. L'endroit lui inspire l'histoire du présent film.
Malgré son œil d'étranger, Streeter sait magnifiquement capter l'endroit; aussi bien par des magnifiques images, que par son atmosphère unique, que par la mentalité des différents caractères; mieux, il insuffle même à la grande propriété une saveur nostalgique d'un passé citadin pas si lointain, où l'esprit de la ville n'avait pas encore disparu derrière les façades high-tech des hauts immeubles administratifs. L'intimité des endroits va d'ailleurs de pair avec celle des différents personnages.
"Cages" reste un petit film sans grande prétention et aux maladresses d'un premier long: quelques scènes auraient pu être sacrifiées sur le banc de montage; d'autres sont trop démonstratives dans le seul but d'exacerber des sentiments, qui passaient déjà très bien par des simples silences; mais le soin porté à la mise en scène, la touchante révélation finale et – surtout – l'exceptionnelle qualité des interprètes ne peut que remporter l'adhésion.
Dan l'un de ses tous derniers rôles, Mako prouve une nouvelle fois l'excellence de son interprétation en vieil homme passionné des oiseaux, qui – lui aussi- va véritablement re-vivre au contact de son petit-enfant. Personne d'autre que lui n'aurait pu aussi bien laissé transparaître les douleurs cachées derrière son faciès marqué par le poids de l'âge et de la culpabilité.
La "petite" Zelda Rubinstein (1,30; inoubliable interprète dans le "Poltergeist" original) – que Streeter retrouve après leur précédent (court-)métrage "Frank in Five" – prouve également qu'à 70 ans passés, elle fait toujours partie des "grandes", pourvu qu'on lui donne un rôle à sa mesure. L'interprète de Jonah joue parfaitement juste et réussit à toucher avec son innocence candide et grande pureté de cœur.
Depuis, Streeter est rentré aux Etats-Unis, chaperonner la réalisation d'une reality show, "Designing Blind"…