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L' Avocate
les avis de Cinemasie
3 critiques: 3.83/5
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5 critiques: 3.6/5
Un Itami moins inspiré que Tanpopo
On rit suffisamment au visionnage de Minbo ou l'art subtil de l'extorsion pour qu'il remplisse bien son contrat comique. On est même touché par ce désir de démythifier des yakuzas, de dénonciation de leur trop grande emprise sur la société japonaise. Surtout quand on pense qu'Itami se suicidera 5 ans plus tard à cause de la pression des yakuzas. Reste que le film est bien loin de la verve d'un Tanpopo, semblant parfois plus carburer aux produits dopants qu'au sushi. Une surstylisation du cadre est ainsi souvent utilisée pour donner aux personnages et à leurs "gueules" une dimension cartoonesque mais le parti pris saoule à la longue, virant au procédé trop systématique. Qui plus est, le déroulement de l'histoire semble trop prévisible, suivant la logique problème/solution. Mais un découpage dans l'ensemble bien dosé, des gags efficaces et le talent des acteurs maintiennent le film à flots.
Comédie-testament de Juzo Itami, qui critiqua une nouvelle fois avec force et humour le monde des yakusas avant de se suicider
Itami s'attaque ici de front et avec un grand courage à un problème monstre au Japon, à savoir les yakusas. Cette "mafia" a un statut particulier puisque plus ou moins tolérée par la police, très présente dans la vie quotidienne, pour aider les gens parfois, mais aussi pour soutirer de l'argent à tort et à travers en employant souvent la manière forte. Ce qui est sûr, c'est que beaucoup en ont peur. Et il y a de quoi! Ils se baladent en bande et leurs voix descendent rarement en-dessous de 80 décibels...
Cette situation est très bien rendue dans le film, mais de façon comique et légère, ce qui en fait sa force. Les 2 hôteliers chargés de repousser ces encombrants personnages expriment à merveille leurs angoisses devant la caméra, et Nobuko Miyamoto est une nouvelle fois épatante dans ce rôle difficile de femme vulnérable mais déterminée qui défend avec conviction l'honneur de l'hôtel. Le style est vif et intelligent, et les nombreux tours de cochon que les yakusas ont dans leur sac sont assez conséquents pour retenir l'attention durant tout le film. Un film qui nous parait d'autant plus amer que le réalisateur s'est suicidé en 1997 justement à cause de pressions yakusas insupportables à son goût...
Comédie et amertume...
S'il est un réalisateur japonais injustement méconnu en Europe, c'est bien Juzo Itami.Heureusement que son film TAMPOPO répare un peu cet oubli,oeuvre culte pour beaucoup de cinéphiles asiatophiles.Mais Itami a une filmographie intéressante au-delà de cet unique opus.Ainsi cette "Avocate" que je découvris un soir sur la prolixe chaine Arte.
Ce qu'il y a de bien avec Juzo Itami, c'est que le spectateur retrouve à chaque fois une bande de comédiens fidèles et talentueux.La Tampopo du film éponyme, Nobuko Miyamoto ,interprète ainsi cette avocate qui sait faire plier les terribles yakuzas.Il en va de même pour les rôles secondaires, tous des habitués du cinéaste.Même Tetsu Watanabe, un pote à Takeshi Kitano (et un grand acteur) est de la partie!
Comédie échevelée, aux effets et à la mise en scène parfaitement maitrisés,"L'avocate" contient de franches minutes de délire visuel et verbal.Jamais ces bandes de gangsters n'ont autant été tournées en ridicule avec une authentique délectation.Les gros plans au grand angle sur ces tonitruants énergumènes sont vraiment efficaces!Si Itami règles ses comptes,il le fait avec une inspiration de tous les instants.Car sous le rire se cache à peine l'amertume de cet artiste qui finit par se suicider, apparemment suite à de gros antécédents avec cette mafia locale.On comprend alors mieux l'étendue de sa connaissance du milieu, avec cette implantation dans la vie quotidienne nippone, et bien sûr les ramifications politiques.Nul besoin, cela dit, de savoir tout cela pour apprécier pleinement la charge corrosive et salvatrice du film.
Comédie,c'est certain,mais réflexion également sur la société japonaise sans avoir l'air d'y toucher,"L'avocate" est tout cela sans jamais perdre de vue le plaisir des spectateurs.Empreint d'une ironie appuyée envers ses compatriotes, il se révèle un formidable moment de cinéma.Et la gravité sous-jacente qui parcourt toute cette histoire devait se confirmer dans cette issue tragique et bien réelle:la mort de Juzo Itami.
Femme Fatale
Comédie corrosive sur l'art yakuza d'extorquer de l'argent sans fournir de preuves pouvant mener à leur possible arrestation.
Véritable charge contre le monde yakuza, Itami surprend par son audace pour laquelle il payera cher : suite à la sortie du film, il sera attaqué et défiguré par des assaillants mafieux et sera soumis jusqu'à son mystérieux suicide à de fortes pressions des yakuzas ne lui ayant jamais pardonné leur représentation caricaturale et le réalisme de leur méthodes d'exécution. La scène de la balançoire en sera donc en tous point prémonitoire du sort du réalisateur.
Comédie populaire, Itami fait une nouvelle fois de beaucoup d'intelligence dans son approche en créant non pas une bouffonnerie hilarante, mais un vrai divertissement à l'humour continu.
Malheureusement, ses personnages ne sont pas très développés; et la toute fin sent trop le cliché à même de satisfaire ses spectateurs de tous horizons pour totalement convaincre.
Dans le rôle de l'avocate, Nobuko Miyamoto - épouse du réalisateur- détonne une nouvelle fois par son jeu survoltée, mais collant parfaitement au personnage. Seul personnage féminin du film, elle leur tient tête à tous, résistant aux yakuzas d'un côté et sortant du pétrin des hommes lâches et terriblement maladroits de l'autre.
Un divertissement réussi et intelligent, mais qui n'arrive pas à la superbe du seul chef-d’œuvre d'Itami : "Tampopo".