| Ordell Robbie | 2 | Ne retrouve pas la verve de son début tonitruant. |
| Astec | 3.25 | Killer Clans |
Si je devais classer le film ce serait dans le genre "drame d'action", bien qu'il soit difficile en réalité d'être aussi catégorique dans la classification avec les blockbuster de l'industrie locale, le concept de tout ces films étant une tambouille (on dit film "masala" du nom d'un mélange d'épices du sud de l'Inde) avec un peu de tout (drame, action, comédie, love story, comédie musicale...) pour ratisser au plus large, et parce que le public apprécie. C'est dans les dosages des différents ingrédients que les films se différencient dans leur ton ; ici c'est clairement le drame et l'action qui priment (mais il y a de la comédie, une love story etc...) et impriment le ton global. Un film plutôt sombre (relativement parlant).
Un bon divertissement, avec un bon Jr NTR capable d'un registre de jeu plus étendu et naturel que la plupart des autres star, sa scène de chant (ce n'est pas sa voix hein, il y a des acteurs/star playback) pendant la torture dans RRR est par exemple une très belle performance d'acteur. Il y a une séquence similaire dans Aravinda Sametha - similaire dans le sens d'une chanson qui émerge à un moment très dramatique - et il fait la transition vers le chant d'une façon si naturelle que je n'ai pas vu venir... Dommage que la scène soit gâchée/diminuée par l'introduction de trucs bling bling (motos, nana...) en cours de route... Les limites du réalisateur...
Par contre un "truc" pour classer le film facilement : son sous-genre, un film "de factions". Un sous-genre plus spécifique à Tollywood car se saisissant d'un thème/phénomène social de la région, dans les districts les plus pauvres (au sud ouest de l'état de Pandrah Prhadesh), une région connue sous le nom de Rayalaseema. On parle de "factionnisme (ou factionnalisme) de Rayalaseema" pour désigner des rivalités (familiales, économiques, politiques, mafieuses...) de clans et villages, des vendetta à grande échelle dans une région où les services d'état sont à la ramasse : tout ces policiers, élus super corrompus qui font ça en pleine vue, ces boss de gang comme des seigneurs féodaux qui violentent la police elle-même et qu'on pourrait trouver caricaturaux ? Il y a une réalité sociale et historique derrière, et une tonne de faits divers qu'on pense uniquement réservés aux scénarios de films tirés par les cheveux : selon les rapports de police, information que j'ai lu dans plusieurs articles sur le sujet, on compterait 8400 victimes civiles du factionnisme dans les 35 dernières années, dont près de 1000 élus, et aussi 560 militants du TDP (parti local/telugu fondé par le grand père de Jr NTR, NTR "1er du nom", méga archi ultra super star, ministre de l'état etc...) inclut. Oui, ça ne rigole pas et il suffit de checker les nombreux articles relatant x assassinats et tueries. Une région de 71,060 km2 où avoir un badge de police et un flingue, dans les années 80/90s (nd: je lis quelques articles récents qui parlent d'une "résurgence" en 2024...), ne pesait pas plus que de brandir une sucette et un auto-collant d'album Panini.
Donc qui dit sous-genre dit plein d'autres films et il y en a eu, à partir des 90's quand le factionnisme a connu un pic. Aravinda Sametha revisite ce sous-genre mais d'une façon un "chouïa" plus moderne même si la recette reste la même (le bon héros qui veut changer la situation contre le bad guy et son entourage pris dans la spirale de violence...). Il y a quelques exceptions dans la formule, comme avec Maryadha Ramanna (2010) de S.S Rajamouli, une excellente comédie remakant un vieux Buster Keaton dans le contexte du factionnalisme de Rayalaseema... Dans les faits, le héros doit toujours déboîter du bad guy pour imposer une paix durable, et ce film suit le "template", avec une réalisation de l'action excellente : la scène d'introduction par exemple est puissante, brutale (mais cool), tandis que les autres bien que moins sanglantes (évolution du héros qui fait des clés et projo) sont tout aussi réussies. Ce sont les frères jumeaux "Chella RamLaxman" (les frères Chella, Ram & Laxman) qui se chargent des chorégraphies.. Tous deux sont des cascadeurs puis directeurs d'action fameux et parmi les plus en vues de l'industrie.
Le rythme global du film est bon, le dosage des différentes épices plutôt maitrisé, les moments danse/chant discrets (2 je crois), le bad guy interprété par le toujours cinégénique Jagapathi Babu est très bon aussi, et tu sais que le metteur en scène a réussi quelque chose quand tu t'apprêtes à dire que le film est certes un peu linéaire, sans flash back, avant de réaliser que tout le film est un flash back (seules les 3 premières mn et la dernière ne le sont pas) ! : D
