Sympathique et original, mais trop désuni
Avec Takashi Miike, il faut toujours s'attendre à des surprises. Lorsqu'il s'attaque à la comédie musicale, c'est à nouveau le cas. Il choisit une histoire à l'humour très noir, ajoute des intermèdes en pâte à modeler, passe de comédie à drame en un rien de temps... Bref, c'est un peu tout et n'importe quoi, et si cela a le mérite d'étonner, la cohésion de l'ensemble est par contre assez décevante. Les changements de ton empêchent de vraiment rigoler ou s'attacher aux personnages, les chants manquent un peu de puissance et de chorégraphie pour être entraînants. Bref, ce n'est pas une réussite complète, surtout que le rythme est assez lent.
D'un autre côté on s'amuse de cette histoire à la "Petit Meurtre Entre Amis" adaptée en comédie musicale, permettant aux chants de s'appliquer à autre chose qu'à des scènes classiques. Ici on chorégraphie une découverte de suicidé, un enterrement de cadavre, une livraison à la police, une agonie. L'humour noir ne fait pas mouche à chaque fois, mais globalement on rigole bien des déboires de cette pauvre famille. Quant aux passages en pâte à modeler, ils donnent un style assez unique au film, même si l'incompréhension guette le spectateur novice en matière de Miike.
Techniquement le film s'en tire très bien, la réalisation étant assez classique mais de bon goût. Quant à l'interprétation, ce n'est pas le point fort du film à cause de personnages tout de même peu développés, mais c'est un moindre mal dans un film de ce genre.
Globalement, il est évident que le film ne plaira pas à tout le monde. Quel Miike plaît à tout le monde de toute façon ? Celui-ci est peut-être un peu plus abordable, le sujet étant moins choc, même s'il distille un humour plutôt noir. Le manque de rythme risque d'en décourager certains, mais l'originalité du traitement en attirera d'autres. Happiness of the Katakuris reste cependant un film mineur, divertissant au mieux, ennuyeux au pire.
Inégal et trop répétitif
Avec the Happiness of the Katakuris, Miike s'essaie au registre de la comédie musicale mais offre un film trop inégal pour convaincre. On ne reprochera pas à Miike ses personnages stéréotypés vu que la profondeur psychologique et thématique est assez rare dans le genre mis à part entre autres les magnifiques Parapluies de Cherbourg qui alliaient avec succès une intensité mélodramatique qui suscita l'admiration d'un nommé Woo et une critique de la guerre d'Algérie. Par contre, les scènes chantées doivent y avoir le côté immédiatement jouissif caractéristique du genre -voir à ce propos les scènes chantées du cinéma indien, de The Hole ou encore des meilleurs films de la Workshop dont l'esprit est hérité de la comédie musicale- et de ce côté-là Miike n'atteint pas toujours son objectif: le côté rudimentaire des chorégraphies fait peine à voir même s'il était assez attendu; la scène de la rencontre de la jeune femme et du militaire retrouve à une échelle modeste une puissance hollywoodienne de divertissement naif, le chant final est très réussi mais l'on ne peut en dire autant d'autres passages chantés -le duo du couple dans un décor disco, les chants en extérieurs, la parodie de Thriller- sombrent dans le grotesque. Au rayon idées grotesques on a également la mouche s'introduisant dans le nez d'un journaliste. Si le film est mieux rythmé que d'autres Miike, le grand problème est cette fois narratif: le principe du film -les invités arrivent dans l'auberge puis meurent à chaque fois- le fait tomber dans certains travers du film d'auberge hong-kongais, une répétitivité lassante. Qui plus est, hors ses passages chantés, les gags censés être délirants et décalés du film n'arrivent pas à arracher plus qu'un sourire, la comédie ne s'emballe jamais, le film n'est pas contaminé par la folie de ses héros ce qui est assez décevant venant d'un cinéaste ayant construit son culte sur le côté barge de son cinéma. Au niveau réalisation, les cadrages sont corrects, la réalisation est sans effets mais s'emballe par moments à coup de caméras portées. La direction d'acteurs, si elle est correcte, est loin d'être du niveau de celle d'Ichi the Killer. La belle idée des personnages en pâte à modeler est insuffisamment exploitée par le film, ce qui est dommage vu qu'elle permet à Miike de se livrer véritablement à son sens du délire dans un registre plus léger et laisse entrevoir ce qu'aurait donné le film s'il avait été réussi. Au final, le film n'est ni désagréable ni enthousiasmant.
Vous êtes ici chez vous....!
Génial produit totalement décomplex', cette joyeuse famille Katakuris nous emportent dans leurs élans fantastiques et nous choppent par la peau des roustous jusqu'à ne plus nous lâcher. Avec Miike de toute manière, il est difficile de s'attendre à quelque chose compte tenu que le type a plus d'un tour dans son sac. Un jour il te noue l'estomac avec Visitor Q, un autre il te pointe son 9mm sur la tempe avec son Blues Harp, pour finir sur une comédie musicale aux couleurs saturées, satirique et incroyablement déjantée qu'est son Happiness of Katakuris. On aime ou pas, on ne peut pas rester insensible.
Parodiant allègrement la comédie musicale et le manga, Miike trouve le moyen de choper de ci de là quelques vannes scabreuses provenant tout droit de manga papier à l'ancienne, comme ces plans sur un pantalon troué, ces positions surréalistes lors des chansons, l'allure bébête de l'inspecteur de police, les gargouillis du mythomane de l'US Air Force et j'en passe. Tous ces éléments là font qu'Happiness ne manque pas de charme ni d'atouts pour séduire son public. En parlant de public, celui de Miike n'est jamais acquis. Capable du meilleur comme du pire, il est impossible de parler précisément du style du cinéaste dans la mesure où il n'en a pas réellement. Les grands maîtres dont la réputation n'est plus à démontrer, font de beaux films (Kurosawa, Kobayashi, Imamura...). Pour le cinéma asiatique moderne, Miike peut très bien faire de beaux films, presque des contes pour enfants/adultes, et le lendemain projeter une satire dégoûtante tournée en DV où l'on y verrait un cadavre dépecé, la tête dans les chiottes. C'est ça Miike.
Katakuris s'avère finalement un melting pot plutôt fameux, mettant en scène de joyeux gens, chantant, dansant, rigolant, pleurant et tuant. Mais là où cette satire épicée arrive à détrôner pas mal de productions typiques ("Petits massacres entre amis") c'est bien parce qu'elle réussit à se renouveler souvent, en proposant des morts originales (le sumo, le mythomane chantant) et des séquences en patte à modeler divertissantes, bien animées à défaut d'être jolies. Franchement irrésistibles, les passages chantés (plutôt courts) font preuve d'une certaine ironie, un véritable plaisir quand on sait qui est derrière la caméra. Adieu le yakuza eiga post-moderne avec filtres jaunes et musique techno, et place à une vraie comédie, gavée d'humour noir, rythmée comme il faut malgré des imperfections récurrentes sûrement dues au manque de budget et aux idées souvent trop farfelues de son auteur. On ne lui en voudra pas.
Esthétique : 4/5 - Couleurs chatoyantes pour un univers 100% onirique. Tu l'crois ça?
Musique : 4/5 - Koji Endo, génial compositeur de musique. Il fait une nouvelle fois mouche.
Interprétation 4/5 : Kenji Sawada et Tetsuro Tamba cartonnent. Les autres suivent la danse.
Scénario : 3.5/5 - Du déjà vu, mais quelle ambiance déjantée!
Miike Power !
On ne cesse de le rabacher, Miike est le cinéaste (si, si ! ) de l'intégration. Dans cette optique, il réalise ce film que l'on peut aisément qualifié de baroque. En effet, cet objet filmique assimile moulte genres cinématographiques afin d'en créer un nouveau : le genre Miike. Ce film est ainsi une comédie musicale, un drame, un film de zombies ... Certes, ce désir de jongler entre des styles ( à priori ) antithétiques casse le rythme du métrage, toutefois il reste un excellent moment et ne peut que vous réjouir d'une première sequence bluffante ( mention spéciale au nounours tueur ) à un final résolument en marge de tout accadémisme. Un film essentiel sans être forcement le meilleur de Miike.
un des meilleurs Miike
Toute la famille Katakuris travaille dans leur pension fraîchement ouverte dans une région isolée. Lorsque les premiers clients arrivent, ils ont hélas tendance à se suicider ou à avoir un accident mortel. Plutôt que d'appeler la police, les Katakuris décident de les enterrer.
Encore un film de dingues !!!
Et Miike ne se répète pas ! Très fort, il mêle cette fois la comédie musicale et l'animation !!!
Comme un mélange hautement improbable entre un Dancer in the dark loufoque et les Monty Python.
Tout un programme. Respecté pendant 2 heures par un Miike en grande forme. Les séquences musicales sont pour la plupart hilarantes (la DV et l'environnement font clairement penser au film de Lars von Trier, et le décalage est... étonnant), les scènes en animation (en volume) sont astucieusement utilisées (bien que je ne comprenne toujours pas la séquence pré-générique...).
Bref, on retrouve le délire de Miike autour de la famille, dans un style bien moins glauque et trash que Visitor Q.
L'éclectisme de ce réalisateur est quand même hallucinant. Du jamais vu ? Et il s'améliore en gommant les défauts de ses précédents films (côté un peu brouillon, longueurs...).
Quel genre de film peut-il encore réaliser ?
Un Bergman mâtiné de kung-fu ? un Godzilla mélodramatique ? un film d'animation pour le 3ème âge ?... heu...
De toute façon, une chose est sûre, il n'a pas fini de nous surprendre.
Charmant mais très (trop) inégal
Miike est responsable de véritables petites perles (la trilogie
Dead or Alive,
Audition,
Bird People in China) comme de films nettement plus indigents et anecdotiques (
Zebraman,
City of Lost Souls), malgré les bonnes intentions perpétuelles qui en émergent. The
Happiness of the Katakuris se classe plutôt dans la seconde catégorie et en dépit du grand enthousiasme semblant découler de l'entreprise, on reste déçu, sur sa faim, avec une impression un peu morose de « peut mieux faire ». Le gros écueil de ce film vient de son scénario boiteux et de son rythme inégal: entre les instants on va dire mouvementés, on doit se coltiner une espèce de remake à la japonaise de
L'Auberge Rouge de Claude Autant-Lara, avec sa pauvre petite famille plongée dans le pétrin lorsque sa clientèle se met à trépasser dans de bien étranges circonstances. Des comédiens qui jouent platement leurs rôles, une mise en scène souvent poussive et de petites velléités d'humour noir tombant à l'eau ne font qu'empirer les choses. Heureusement, l'ensemble se rattrape sur des numéros musicaux et des scènes d'animation en pâte à modeler assez exceptionnels, magiques et colorés à souhait, qui nous rassurent un peu et démontrent que
The Happiness of the Katakuris vaut tout de même le détour nonobstant ses grosses faiblesses. Il n'en demeure pas moins dommage que Miike n'ait su boucher convenablement les trous de son film, qu'il ne soit parvenu à obturer d'une meilleure façon les temps morts éparpillés autour de ces sublimes instants de comédie musicale et de
Wallace & Gromit like. Tout comme dans
Zebraman, on en vient à regretter le potentiel quelque peu gâté d'un tel film, aussi pétri de bonnes idées, de bons moments, ce qui à l'évidence nous abandonne sur un sentiment de frustration. Une tentative louable pour un résultat mitigé.
encore un film fou pour MIIKE
ce remake souffre d'inégalité, la première partie est une bonne surprise, le mélange fonctionne bien, et on a des scènes vraiment excellentes, malheureusement ça s'essoufle vers le millieu, j'ai décroché et la fin m'a un peu lassé. dommage car ça partait vraiment bien, et ça reste un film original et carrément barré.
mauvais
Non decidement je n'ai pas pu aimer ce film malgre ma sympatie pour Miike. Il vaut mieux revoir l'original, le film coreen The Quiet Family que ce pale remake. Meme les scenes musicales tobent a plat.
Dommage.
28 juillet 2003
par
djsan
Un Miike mineur et c'est déjà pas mal
Pour l’instant et pour beaucoup, un grand flou plane encore autour de Takashi Miike, on le dit réalisateur fou alors qu’il est surtout libre et tente d’en jouir du mieux qu’il peut. On le dit cinéaste du grand n’importe quoi qui, du coup, fait beaucoup rire et « prendre son pied » alors que c'est très réducteur. Mais ce problème-là est assez épineux car, en effet, ces sensations peuvent se retrouver à la vision de ces œuvres. Quitte à passer pour plus fou que lui auprès de pas mal de monde, disons que Miike est un réalisateur de talent ayant une parfaite conscience du cinéma, de son cinéma et des thèmes, idées et formes qu’il peut y intégrer. Au final, les réflexions qui nourrissent « Audition », « Ichi the Killer », « Fudoh » et « Dead or Alive 1 et 2 » sont des plus passionnantes et stimulantes. Mais la conscience de Miike de l’amusement pur qu’il peut tirer de sa liberté de choix et de pensées l’amène logiquement à réaliser un film comme celui-ci. Mais si bon nombre de trouvailles visuelles ponctuent le film, on s’interroge rapidement sur le but du tout. Puis on comprend que Miike l’évite à tout prix justement. « The Happiness of the katakuris » est un film parfaitment déstructuré, tordu et sans logique. Il fait avancer son intrigue « simple » de comédie (musicale) de morts en série. Et il en fait effectivement du n’importe quoi mais volontairement ; ce sont les œuvres précédentes et la cohérence de la filmo qui nous l’assurent. Des jump-cuts à tout va, un plan à l’envers (voir les écritures sur le tee-shirt de Shinji Takeda), des séquences en pâte à modeler, etc. Tout cela intervient sans jamais prendre sens. Oui mais cela suffit-il pour qualifier « The Happiness (…) » de bon film ? Disons non, pour que ce soit la prochaine idée qui nous permette de dire « oui ». C’est à une grosse vingtaine de minutes de la fin que le film bascule et qu’il va gagner en qualité par sa nouvelle direction. Un homme ahuri semble en passe de devenir le nouveau mort du film lorsqu’il prend, par surprise, la mère de la famille Katakuris en otage. Beauté de l’image, caméra portée chancelante, force de la situation et jeu éblouissant de Kenishi Endo (le père dans « Visitor Q ») font de cette séquence un moment d’une intensité dramatique exceptionnelle. Les évènements qui suivent, jusqu’à la fin, appuient tous le message que Miike cherche ici à mettre en avant, à savoir que malgré les différences et les différends, une famille doit toujours être unie. Miike brasse alors avec joie et conviction des thèmes pour continuer à dicter cette morale comme l’écoute, l’amour face à la mort, etc. Finalement, aussi bancal et inégal qu’il soit, « The Happiness (…) » propose d’avantage de qualités formelles et surtout thématiques que la grande majorité des comédies non-sensiques que l’Asie nous aient offertes.
26 janvier 2003
par
hendy
cataclysme musical!
Dommage qu'il y ait quelques longueurs car c'est vraiment original, caustique et ludique.
chantons sous la parodie pourrait être un titre alternatif à celui du film.
Un bon film.
Monstre !
Le film s'appelle "The Happiness of the Katakuris" et c'est un monstre, une créature de cinéma profondément odieuse et parfaitement cynique, un objet sans commune mesure avec la notion même d'objet, la notion même d'image, la notion même de cinéma. Qu'est-ce "The Happiness of the Katakuris" ? Melting-pot speedé qui réinvente le cliché du "une image par plan" en y mettant chaque fois tout un genre, tout le cinéma, toute l'histoire des images. Se perdre ? Dans les jointures foireuses, le format de mauvais téléfilm allemand, les trucages décalés. S'irriter ? Devant la vulgarité profondément prétentieuse de l'affichage perpétuel du degré second : le sourire de l'accordéoniste est pourri, ce qu'on se marre. Mais. Le pire, c'est cela : ce qu'on se marre. Toute cette petite machinerie sadique du cinoche alternatif, fauché et génial, elle marche. Elle déborde tellement de cynisme qu'elle en arrive au point où, bizarrement, tout le cynisme bascule, tombe cul par-dessus tête. Est-ce encore de la trangression à bon marché ? Est-ce encore du second degré ? Est-ce encore du cynisme ? Oui et non. Non et oui. Qui sait ? Personne. Même Miike lui-même. Ou plutôt : surtout lui. Car il est le premier perdu dans l'emballement d'une machine dont il ne maîtrise finalement que l'ignition. Lorsqu'elle pète, il est au coeur de l'explosion. Lorsque commence le karaoké, il chante dans le public, et alors les grincements s'arrêtent, le cynisme prend des allures clownesques et on se dit que, non, "The Happiness of the Katakuris" n'est pas qu'une anti-comédie musicale. Qu'il est peut-être la comédie musicale parfaite. Qu'il est peut-être aussi vraiment gnangnan que l'étaient les films de Demy ou que le sont encore ceux de Lelouch, et alors c'est fait : on l'aime. On aime "The Happiness of the Katakuris" parce qu'il fait naître un merveilleux de pacotille là où tout indiquait qu'on aurait que de l'ironie, du grincement et de la méchanceté. On aime "The Happiness of the Katakuris" parce qu'il n'y a plus de goût qui y vaille. Il n'y a plus que des images et du son - l'eau, la terre, l'air et le feu du cinéma. Philosophie présocratique, cinéma d'avant le cinéma. Et nous, post-cinéphiles tordus, nous sommes contents d'y retrouver les jupes de nos mères.
sacré mélange
Un mélange de burlesque, film d'animation, comedie musicale, film d'horreurs. Ca part dans plein de directions, c'est souvent drole, parfois on perd le fil, mais on racroche toujours....
Pas un film majeur de Miike mais un bon moment en perspective.