Catastrophique et honteux
A l’heure où faire des films n’est plus réservé à une poignée de privilégiés grâce aux caméras DV et à l’informatique, Diecovery vient nous rappeler qu’il faut cependant un minimum de talent, de rigueur et de professionnalisme pour réaliser quelque chose de potable. Totalement improvisé, bâclé de fond en comble, cette anomalie filmée a pourtant bénéficié d’un producteur, ainsi que d’un éditeur et d’un distributeur, ce qui est d’autant plus incroyable ! Evidemment, soigneusement présenté dans un packaging sympa, on peut se douter à la rigueur d’une série Z, mais pas d’une telle horreur à peine digne d’un festival de films faits à la maison : cadrages approximatifs, son en prise directe ignoble, montage pifométrique, acteurs ne connaissant pas leur texte, mannequins trouvés à 3 baths au bazar du coin pour éviter les longues heures de maquillage, vagues scènes érotiques sur une musique d’ascenseur, bref, du foutage de gueule complet. Inutile de s’étendre plus longtemps sur l’une des pires bouses que l’Asie nous envoie, et qui décrédibilise en profondeur l’explosion de la production cinématographique thaie…
Daubasse intersidérale
Vu en parallèle à l'aussi convenu que très efficace
Shutter, cette horreur rappelle hélas que la Thailande, tout comme HK à l'époque de sa montée en charge, est capable du meilleur comme du pire. On a vu le meilleur, voici le pire. Critique façon live.
Lundi soir, minuit. Longueur du supplice: 30 minutes.
Aïe, DV, c'est moche. Eclairage naturel, c'est le moins qu'on puisse dire, mais c'est pas Lars Von Trier à la caméra. Les cadrages sont souvent à pleurer, c'est vraiment du travail d'amateur. 90% du budget a du passer dans la réalisation du DVD, qui a une jaquette très potable et des menus également correctes.
Le film prend vraiment le spectateur pour un neuneu, au point de tout expliquer: le couple s'arrête au milieu de la route après avoir vu un serpent (qu'on ne verra jamais d'ailleurs), puis remarque qu'ils sont arrivés à destination. L'homme annonce alors fièrement "Je vais entrer dans la propriété". S'en suit un plan sur le levier de vitesse où l'on voit qu'il passe la première, puis un plan sur le pédalier pour montrer qu'il accélère. Super, on n'avait pas compris. Autre grand moment: après la mort accidentelle d'une des "actrices", l'homme décroche une grosse hache du mur, et on se prend à rêver d'un bon petit délire gore pour découper le cadavre. Hélas non, il s'en sert pour creuser une tombe ( ! oui oui, à la hache). Laquelle excèdera difficilement 30 centimètres de profondeur, et qui sera recouverte d'une table de jardin pour la rendre invisible. Râle dépressif du spectateur qui décide de dormir.
Mardi soir, minuit, la mise à mort.
Allez on reprend, courage. Un décor suffit bien, c'est clair que le réa a filmé dans son jardin. Qui plus est, une bonne partie du film se passe dans le noir, normal pour un film de fantôme me direz-vous. Sauf que faute de budget, tout est filmé en lumière naturelle, j'y vois absolument rien. Reste tout de même une qualité au film: le maquillage du fantôme, qui est plutôt sympa, surtout avec les lèvres cousues. Sauf qu'il n'avait visiblement pas été prévu que pour faire parler le fantôme, c'est moins pratique. Donc exit les lèvres cousues dès le premier dialogue du personnage, qui sort les débilités habituelles: "tu m'as tout pris, tu vas mourrir", dans des sous-titres anglais bourrés de fautes.
Je m'ennuie ferme, il ne se passe rien, j'en viens à regretter la pseudo scène érotique pourtant bien nulle, puisqu'on ne voit rien de rien, même chose dans la scène de douche qui suivra: on met des couvertures sur la bonasse de service, on la cadre pour une fois soigneusement pour ne rien montrer sous la douche. Bande de nazes.
La musique visiblement composée pour le film est aussi complètement amateur et maladroite, sauf pour la musique de porno utilisée pour la pseudo scène de sexe, probablement récupérée ailleurs.
Génial les cadrages loupant parfois l'action... On cadre sur le buste d'un personnage en train de tirer un cadavre, mais surtout sans montrer le cadavre. Super les "effets" bien cheaps tendant plus vers le ridicule qu'autre chose: filtre de couleur pour la vision du serpent (toujours pas compris à quoi il servait ce serpent moi), ralentis saccadés, accélérations cartoonesques. Bref, tout est nul dans ce film, de haut en bas, de droite à gauche. On a beau chercher un point d'intérêt, il n'y en a aucun. Il est à ce titre difficile de comprendre comment un éditeur, qui plus est étranger, a pu acheter cette bouse et l'éditer en DVD avec menus animés et jaquette travaillée. Remarquez, notre ami Ghost Dog en a bien un, le film s'exporte même jusqu'en Europe. Triste constat quand on voit que de jeunes réalisateurs avec dix fois le talent de celui de ce film n'arrivent pas à monter leur premier film.
Bon allez, avance rapide, oh un flash back pour mieux expliquer la mort de la fille, on s'en tamponne, voilà même la fin pour vous décourager de perdre votre temps sur cette nullité: le fantôme hypnotise le héros qui tue sa femme, essaye d'étrangler par télépathie son ancien mec et sa nouvelle copine, mais se fait faire je sais plus quoi par le héros qui la désintègre. Et il se barre en chialant avec sa copine dans les bras. S'en suit l'éternel rebondissement de fin de film où l'oeil de le nouvelle copine du vieux type change soudainement pour nous annoncer une hypothétique suite.
Lotus et bouche cousue
Ah, je vois que je ne suis pas le seul à avoir goûté aux joies d'une production "Right Beyond"; car OUI, derrière le titre à la faute de frappe qu'on soupçonnerait presque involontaire à la vue du résultat, se cache le plus ébouriffant des éditeurs DVD thaïs: RIGHT BEYOND, fier d'un catalogue qui regorge de perles telles que "7 days in coffin", "The Poison" ou encore "Chaos at the graveyard"…que du tout bon…dans le pire de ce qui peut se faire.
Et "Diecovery" ne déroge certainement pas à la règle et étale dès la première séquence son incroyable savoir-faire: dispute cheapos entre trois personnages avec effets chocs cheapos réalisés sur une station AVID (?!!) visiblement fatigué – à moins que les SFX aient été réalisés avec un bon vieux Commodore 64, ce qui n'étonnerait finalement personne.
Flash-forward de 25 ans pour s'intéresser sur notre couple phare du film, interprétés par deux acteurs tous sauf professionnels et à qui l'on demande de – visiblement – improviser une bonne longue planche de dialogue sans aucun intérêt pour étirer le film en longueurs. Et ces moments à se traîner péniblement en longueur sont légion pour tenter d'arriver aux 90 minutes requis par le cahier de charges et notamment dans l'enchaînement de deux scènes longuettes pauvrement érotiques à suivre, l'une au bord de la mer avec les deux personnages batifolant dans l'eau et puis au lit (pas d'affolement, c'est un film thaï – en revanche, écoutez avec RESPECT cette musique en hommage aux films soft des années 70 / 80, synthé et trompette jazzy compris). Miracle du montage et de la composition originale, le dernier son de trompette coïncide avec la chute du ventilo, qui s'était auparavant arrêté pile poil au moment où la scène érotique commençait pour permettre au pauvre spectateur de pouvoir satisfaire son complexe, ni pale de ventilo au premier champ la scène prétendue érotique.
Les moments de comique volontaire sont généralement légions dans les productions "Right Beyond" et une nouvelle fois l'éditeur fait tout honneur à sa sale réputation. Il y a ce long moment de solitude, où les deux tourtereaux discutent achat de maison avec un personnage exclusivement hors cadre. On se dit: "Bon, un acteur a dû leur faire faux bond, c'est l'assistant, qui leur parle hors champ pour faire illusion"…mais non, il y avait bien l'acteur, qui rentre finalement dans le cadre pour leur faire le tour du propriétaire, mais qui était mystérieusement tenu à l'écart du cadre…Peut-être qu'il assurait en même temps le cadre, faute de moyens suffisants, allez savoir.
Outre les dialogues d'une nullité abyssale (et encore plus mal sous-titrés en anglais), il y a également cette magnifique scène en fin du métrage, où apparaissent tout d'un coup deux morts-vivants (pour disparaître aussi vite et sans aucune raison), qui terrorisent une vieille dame, qui ne trouve rien de mieux que de…monter dans un cercueil pour leur échapper…ou peut-être pense-t-elle se faire enterrer plus vite en se faisant déchiqueter direct par les morts-vivants…sauf qu'elle va s'en sortir indemne…fallait d'abord qu'elle avoue encore le meurtre avant de pouvoir crever (explication non seulement montrée en ouverture du film, mais aussi DEUX fois en flash-backs par la suite, au cas où l'on aurait pas compris…).
Cette même dame a une autre scène ME-MO-RABLE, où elle se fait arroser pendant au moins 5 minutes par un arroseur, sans avoir le reflexe de se saisir du tuyau pourtant à portée de main, ou à détaler. Non, faut qu'elle se fasse arroser en même temps que son mari. ENORME.
Le film est-il suffisamment nul pour devenir un classique du "Z" ?!! Malheureusement pas; comme toutes les productions "Right Beyond", il est juste chiant à mourir et pure perte de temps.