Côté PRODUCTEURS…ben, on a mal géré son coup.
La "Nouvelle vague" s'est essentiellement créé à cause de l'instauration des quotas (aidant l'industrie locale), de l'Etat (il a injecté une bonne somme d'argent, notamment pour permettre à sa "vitrine coréenne" de briller en extérieur en participant à des Marchés de Films internationaux), de la création du festival de Pusan (magnifiquement géré, permettant d'intégrer le circuit festival professionnel mondial, d'attirer l'attention des professionnels et des critiques et de servir les propres productions locales) et l'assimilation de quelques professionnels des règles essentielles du business international: formater leurs produits à un marché plus international, donc comprendre comment EXPORTER leurs produits pour engranger des meilleurs bénéfices en vendant à l'international, être plus attentif à la DEMANDE du public, recycles des formules à succès, etc, etc, etc.
On peut également dire, qu'ils ont eu les couilles de miser sur des nouveaux talents – nombreux à émerger et plein de rage pour avoir grandi sous le régime dictatorial; d'où des productions de "qualité". D'ailleurs, sur ce point, il n'y a plus ce même élan artistique à notre époque: d'un côté, les jeunes n'ont plus autant d'opportunités à s'exprimer dans une machine cinématographique bien rôdée; souvent, ils préfèrent engranger des gros bénéfices en se soumettant à la volonté de leurs producteurs pour cibles le succès, plutôt que d'oser présenter une vraie vision artistique et puis, il n'y a plus cette même "rage" revendicative à faire bouger le système. C'est pépère, tout roule, on se la coule douce.
Côté producteurs, en acquérant les connaissances nécessaires à faire tourner les machines, on a petit à petit "industrialisé" l'Art du Cinéma en recyclant les formules à succès, en commençant à rogner à l'un ou l'autre poste pour que rien ne dépasse, à forger les produits à un marché international (je pense notamment à des dizaines de produits "prêts à consommer" du type "April Snow" pour le marché japonais). Tout est allé très vite, la machine s'est emballée, on a produit à la chaîne – dans un premier temps pour profiter des quotas, puis pour faire toujours mieux que son concurrent. Les budgets se sont emballés pour toujours faire mieux, mieux payer les acteurs, créer des SFX plus spectaculaires, etc…avec le résultat évident de saturer le marché, saturer le public et de ne plus du tout rentabiliser leurs produits.
D'un autre côté, des petits producteurs plus indépendantistes, qui ont parfois su produire des résultats intéressants, mais y ont laissé leur chemise, ont été remplacés par des nouveaux producteurs friqués, c'est-à-dire issus de la télé (pour imposer les vedettes du petit écran et profiter des équipes techniques déjà en place dans le milieu du petit écran, depuis le cadreur et / ou le réalisateur peu habitué aux formats plus grands, donc donnant des mises en scène plan-plan jusqu'au scénariste écrivant des scénarii soapy à la chaine) et surtout l'industrie MUSICALE pour faire de films ciné de gros spots publicitaires pour leurs artistes et disques (les hongkongais et japonais sont très forts aussi en la matière). Le film "Attack of the pinboys" n'est rien d'autre qu'un énorme spot publicitaire sans aucun intérêt.
Bonjour la créativité artistique.
Et on en est là. Les quotas abolis, les gens montrent quand même la préférence pour un ciné plus ricain; la grosse machinerie enrouillée ne laisse plus de place aux paris osés artistiques; les petits producteurs ont quasiment disparu au profit de grosses maisons de prods, elles aussi exsangues pour avoir accumulé les pertes sur leurs produits passés. Le renouvellement d'une nouvelle génération talentueuse de réalisateurs tarde à venir, même s'il y a de l'espoir par-ci, par-là.
Parmi les mauvaises nouvelles, le marché exportateur s'est bien effondré aussi en partie pour des raisons politiques (la marché japonais était fleurissant, jusqu'à ce que l'industrie nipponne avec la complicité de l'Etat aient organisé une véritable campagne dénégatrice des prods coréennes) et bien évidemment qualitatives (des produits, même formatés, pas forcément ADAPTES à la demande des producteurs mondiaux).
Et puis il y a la crise actuelle, avec la forte dévaluation du won, qui a mis un terme précoce à des très nombreux tournages et autres projets en cours en attendant des jours meilleurs…
Le bon côté des choses, c'est que l'industrie doit FORCEMENT chercher à se renouveler – et le spectre des GROS profits des dernières années va motives plus d'un producteur à chercher des nouvelles solutions – pour le meilleur et pour le pire.
Il y a donc une recrudescence de budgets moyens tout à fait honorables, qui vont chercher à cacher leur manque de finances derrière des histories plus abouties et finement écrites ("Scandal Makers", "Crush & Blush", "Rough Cut"…de qualité relative, on est d'accord); et puis il y a la sempiternelle solution racoleuse du "sexe fait vendre"…et qui FAIT vendre en vue des nombreuses productions du genre à sortir, que ce soit la comédie grossière "Legendary Tale of libido", le mélo "Portrait of a beauty" ou la fresque historique "Frozen Flower"…et ce n'est pas fini malheureusement, vu le succès de ces sorties.
En revanche, les jours où les "productions locales" se taillaient la part du lion semblent bel et bien révolus…et n'ont finalement été que très rares, les chiffres ayant été forcément "faussés" par les mega-gros succès des grosses locomotives annuelles ("Frères de sang", "Silmado", "The Host", "D-War", "Good, bad…" pour ne citer que quelques-uns, mais qui ont explosé les records d'entrée année après année)…