Le huit-clos est un exercice assez difficile et ce n'est peut-être pas un hasard si Replacement Suspects est à ma connaissance le seul film de ce genre à Hong-Kong. Heureusement, c'est Marco Mak qui s'y colle et ça, c'est déjà un bon point. Même si ce genre de film est peu propice au effets de style, Marco Mak arrive à insuffler lors des scènes-clés une réalisation sortant des sentiers battus et rappelle même qu'il a une part de responsabilité dans la fabrication de Time and Tide lorsque la caméra "s'introduit" littéralement dans le cerveau des protagonistes lorsqu'ils sont au téléphone. Et en bon clin d'oeil à ses fans, il nous refait le coup des balles qui traversent un aquarium(The Blood Rules). Sinon, niveau histoire, c'est dense et bien construit ne laissant pas au spectateur le temps de s'ennuyer.
Mais le point le plus important pour un huit-clos est quand même l'interprétation et là, on est servi: je ne connaissais pas du tout Simon Loui et Cheung Chi Lam et j'ai vraiment été bluffé par la qualité de leur jeu, c'est dommage qu'on ne les voit pas plus souvent parec qu'ils ont du potentiel. Quant à Kenny Bee que j'ai toujours trouvé assez plat dans ses films avec Andy Lau, il délivre une véritable performance: un rôle peu bavard où compte surtout la présence et le mystère de son personnage. En bonus, on a droit à un Michaël Wong qui prend un malin plaisir à s'auto-caricaturer dans un rôle de flic écrit sur mesure pour lui: d'ailleurs cette touche de second degré apporte un contre-point humoristique à la gravité de la situation, ce qui est assez appréciable. Mais bon, tout n'est pas parfait et le défaut majeur du film est Roy Cheung qui surjoue d'une façon outrancière un gangster plutôt nerveux, cassant quelque peu le plaisir qu'on a regardé le film. Au final, Replacement Suspects est une bonne petite série B mais qui à peut-être un peu tendance à vite s'effacer de la mémoire au fil du temps malgré ses qualités.
The Replacement Suspect est le troisième polar de Marco MAK Chi-Sin, et c’est un bon film de plus à mettre sur son C.V qui commence à être intéressant au niveau réalisation.
L’histoire est un huis-clos entre 3 voleurs, un marchand d’armes et des individus lambdas dans un bar entouré par la police. Mak aime les hasards dans ses longs métrages (A Gambler's Story) et justement c’est un mauvais hasard qui sert de point de départ au film. Le scénario est peu original mais de toute façon dans les polars c’est extrêmement rare qu’il le soit.
Le casting est fourni, la bande des voleurs est composée de Julian CHEUNG Chi-Lam, Roy CHEUNG Yiu-Yeung et Simon LUI Yu-Yeung. Julian est le chef, il s’en sort plutôt bien. Roy joue un rôle difficile, son personnage a la hantise de retourner en prison et ça lui torture l’esprit. Il n’est pas parfait mais quand même convaincant. Le personnage de Simon Lui est blessé durant les trois quarts du film, donc il n’a pas besoin de fournir une grande interprétation. Les otages trouvent en général le ton juste, Christine NG Wing-Mei ressort du lot par son physique plus qu’agréable. Enfin mention spéciale pour Michael WONG Man-Tak en chef de flic parlant tantôt en anglais, tantôt en cantonais, tantôt les deux en même temps (de l’anglo-cantonais ?) ! On a vraiment l’impression qu’il est en roue libre.
La réalisation est efficace, la tension subie est parfaitement retranscrit, elle est palpable ; le summum étant atteint lors des « jeux » de Roy Cheung et lors du choix final qu’offre Julian Cheung à Christine Ng. Comme pour son précédent film, Mak évite la débauche d’effet stylisé (sans pour autant ne pas en mettre) pour se concentrer plus sur l’ambiance, et lorsque ces effets apparaissent, leur impact est plus fort.
L’ambiance du film, de par ses sonorités et sa mise en scène, peut parfois faire penser à un western. L’action se déroule quasi-intégralement dans un bar/saloon, lorsque la police apparaît la musique nous rappelle une charge de cavalerie et celle du bar fleure bon le farwest.
Le plus dur dans ce genre de production c’est de réussir à ce que le spectateur ne s’ennuie pas de voir l’intégralité de l’action dans un seul et même lieu. Malheureusement je dois dire que cette sensation commençais à légèrement m’envahir vers le milieu cependant des rebondissements opportuns arrivent à chaque fois au bon moment pour relancer l’intérêt du film.
Donc The Replacement Suspect est bien maîtrisé de bout en bout, les acteurs sont bons et la réalisation soignée, toutefois le huis-clos est un exercice de style qui ne me plaît pas plus que ça. Un bon polar quand même.
Si la séduction de Replacement Suspects est moins immédiate que celle de Blood Rules et Cop on a Mission, le film est aussi un peu plus maitrisé formellement. Marqué à la culotte par les contraintes du film de prises d'otages, Marco Mak arrive à canaliser le plus souvent ses penchants clippeux (on n'a plus que quelques accélérations inopportunes, un flash back explicatif inutile à la fin et des plongées timeandtideuses gratuites dans les lignes téléphoniques, les yeux ou les oreilles des personnages mais ce dernier point est excusable vu le passé professionnel de Marco Mak monteur de Time and Tide). Si le film n'a pas l'originalité des gunfights de Blood Rules et l'ambiance hypnotique des meilleurs moments de Cop on a Mission, il compense par la capacité à créer le durée tout en maintenant le suspense. L'ouverture du film pose le sujet de façon magistrale (un peu à la manière des De Palma récents). Le retournement final (qui explique le titre) est bien vu sans donner l'impression de vouloir bluffer le spectateur. Le mitraillage final permet à Mak de faire un effet de signature (l'aquarium). En revanche, le gros point noir du film est l'interprétation : Roy Cheung cabotine souvent et Simon Lui (le gangster blessé pendant tout le film) manque de la dimension tragique qu'aurait pu donner un Lau Ching Wan par exemple. Le reste des acteurs joue correctement. Sort du lot Michael Wong décidément en progrès : sa prestation en flic cynique (« on ne peut céder à leurs exigences, la télé nous filme ») et décontracté (il ne pense qu’à griller cigare sur cigare, se fout de la gueule des preneurs d'otages, répond avec détachement aux questions de la journaliste) est hilarante et jouissive. SPOILER L'immoralité de la fin tranche délicieusement avec celle de Cop on a Mission. FIN SPOILER D'où un blian mitigé: du mieux rayon réalisation, du moins bien rayon direction d'acteurs pour une série B à l'ancienne moyenne et pas vraiment mémorable. Et Mak qui peine à sortir du ventre mou.