Feel
100%
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Feel
100% Once More
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1996: l'année où la face du cinéma hong-kongais changea à jamais... La raison à cette mutation tient à un seul homme: Manfred Wong. Producteur, scénariste et co-dirigeant du studio BOB aux côtés de Wong Jing, il lança un vrai pavé dans la mare avec le premier volet de la grande saga Young&Dangerous, créant ainsi la mode des films de triades pour les années à venir. Mais fort de ce succès, il ne s'est pas limité à ce genre et alors que Young&Dangerous est à l'origine l'adaptation d'une bande-dessinée locale appelée Teddy Boy, il a été cherché l'inspiration aux antipodes des histoires de gangsters et a déniché la BD Feel 100%, racontant les diverses histoires d'amours d'un groupe d'ami(e)s. Alors qu'Andrew Lau était occupé à filmer les exploits de la Hung Hing Society, il fallait bien trouver un réalisateur un tant soit peu compétent et vu que le genre romantique était assez minoritaire à l'époque, le choix s'est porté par défaut sur Joe Ma qui avait déjà plus ou moins touché au genre (Golden Girls avec Anita Yuen). Mais au contraire d'Andrew Lau, Joe Ma a pu obtenir une plus grande liberté artistique en contribuant directement aux scénarios de la série. Même si les scripts des Feel 100% sont loin d'être les meilleurs de son auteur, il faut bien constater qu'ils possèdent leur propre dynamique et sont immédiatement reconnaissables parmi la flopée de romances produites à Hong-Kong. La première caractéristique qui saute aux yeux est l'absence de scènes d'exposition: une technique quelque peu aventureuse qui a le désavantage de pouvoir rebuter le spectateur qui n'aura pas le temps de trouver ses marques et de déjà décrocher du film après quinze minutes mais vu d'une façon positive, ça évite de perdre du temps sur des futilités, d'autant plus que le caractère uni-dimensionnel des personnages ne requiert pas vraiment d'approfondissements à ce niveau. La deuxième caractéristique récurrente est la construction en scènettes: les intrigues étant peu sophistiquées (des triangles amoureux à foison), Joe Ma pallie ce problème en écrivant les scènes indépendamment les unes des autres, faisant de chaque séquence une sorte de sketche à part entière (soit comique, soit dramatique) ainsi l'intérêt est sans cesse relancé. La troisième caractéristique découle de la deuxième: les fins de Feel 100% sont toutes décevantes car règlées en trois coups de cuillères à pot, tout se remet dans l'ordre en un claquement de doigt et on peut sortir un gros carton rouge à Once More qui nous fait le coup de la maladie incurable (et en phase terminale évidemment) pour règler bien trop facilement une situation inextricable.
Feel 100% 2 |
Feel 100% 2003 |
Mais plus généralement, ce qui fait l'attrait de la série, c'est son univers typiquement hérité des sitcoms avec en premier lieu l'aspect esthétique qui présente les personnages dans un univers rassurant aux couleurs chaudes et douces, reflet de bien-être et d'un certain idéal de vie de la même manière qu'un catalogue Ikéa crée le désir de par la perfection de la mise en scène de leurs pièces. Bien entendu, les personnages sont à l'image de leur environnement: jeunes, beaux, riches (même si paradoxalement la notion de travail et de labeur est absente de la série bien que ça n'étonne qu'à moitié vu le genre...) avec une joie de vivre qui ne s'éteint jamais. Les trois films baignent dans une totale insouciance qui devient rapidement addictive. De fait, on pourrait qualifier la série de profondément immature mais Joe Ma insère dans chaque épisode un personnage (respectivement: Sammi Cheng, Chingmy Yau et Joey Yung) plus mûr et ancré dans la vie active que le reste des protagonistes et qui n'hésite pas à critiquer cet aspect de leurs comportements(et et un peu de la série par conséquent). Mais bon, Joe Ma n'est pas non plus là pour donner des leçons et le mot "fun" doit rester le créneau principal des Feel 100% et il faut dire que le bougre se débrouille assez bien, épinglant quasi à deux fois Andy Lau en parodiant de façon anthologique A Moment Of Romance et Full Throttle, ou encore en ébauchant les germes de l'humour qui fera son succès dans ses futurs collaborations avec Miriam Yeung (Dummy Mommy Without A Baby, Love Undercover). Mais la raison principale d'achat de ces films tient dans les castings quasi représentatifs des nouvelles tendances de la scène pop à l'époque où les films étaient tournées: 1996 présentait Ekin Cheng, Sammi Cheng, Gigi Leung, Andy Hui tandis que 2001 mettait en scène Miriam Yeung, Eason Chan, Joey Yung, Daniel Chan. Avec de telles stars, il va de soi que les films ont eu des BO conséquentes et les chansons qu'a composé Sammi Cheng pour les deux premiers épisodes sont de vrais classiques (trouvables sur sa compil de BO), d'autant plus que dans le premier Feel 100%, les chansons sont habilement mises en valeur par le scénario, augmentant encore plus leur importance à part entière dans l'histoire. La BO de Feel 100% 2 est plus variée niveau interprètes mais elle déçoit par manques de tubes mémorables.
Feel 100% - Série TV |
Les Feel 100% auraient pu n'être que des comédies romantiques parmi tant d'autres mais l'histoire en a décidé autrement... Là où les Young&Dangerous avaient ravivé un genre parmi tant d'autres de la même façon que Chinese Ghost Story instaura la mode des films de fantômes pendant quelques temps, la série de Joe Ma a carrément redéfini le système de production cinématographique hong-kongais en annihilant toute frontière entre le septième art et l'entertainment circle, créant ce qu'on pourrait appeler le "pop cinema" et dont les répercussions restent toujours d'actualité notamment via les productions EMG entre autres. En ce qui concerne la franchise en elle-même, elle se porte toujours aussi bien car après Feel 100% 2, a été lancé la série télé (ce qui est logique vu la nature des films) reprenant Miriam Yeung (présentes dans les premiers épisodes uniquement), Daniel Chan, Niki Chow et ont été rajoutés les newcomers Alex Fong Lik-Sun et Rain Li. Ca marche assez bien et des éditions dvd's sont disponibles mais sans sous-titres hélas. Par contre, au niveau cinéma, la série risque de prendre une nouvelle tournure car Joe Ma n'est plus de la partie et on retrouve la presque intégralité de Nine Girls And a Ghost: les Cookies(girls-band local sur le modèle des japonaises Morning Musume), Cyrus Wong, Chung Shu-Kaï à la réalisation et probablment Simon Lui à la production: Shawn Yu vient remplacer Edison Chen mais hélas, il semble logique que la Joe Ma's Touch risque d'être perdue ce qui risque de compromettre le feeling originel de la série au cinéma mais comme on dit: Wait And See. En attendant ce nouvel opus, on peut toujours se repasser les épisodes précédents pour en retirer un plaisir certes très superficiel mais ô combien agréable....