45 ans après la seconde guerre mondiale, néo La Tranche sur Mer, Vendée. Entre deux baignades je pars un soir voir un dessin animé au Stella Maris (RIP). Ca s’appelle Akira, c’est japonais.
Je sors de la salle en titubant. J’ai les yeux exorbités, je viens de me prendre le shoot de ma vie. J’ai beau marcher en tongs sur un grossier bitume de bord de mer, dans ma tête je conduis la moto de Kaneda dans les rues de néo Tokyo by night. Vrouuuuum !
Quelques années après, c’est The Killer que je m’en vais voir avec une bande de potos. On se marre comme des baleines devant cette chose plus grande que nature, grotesque, too much, surchargée d’action, de naïveté… on pleure de rire. Formatés à l’Arme Fatale et autre Piège de cristal, c'est l'impossible immédiate assimilation. Mon moi cyborg, celui génialement explicité par Donna Haraway, est alors plus constitué d’implants américains que jaunes. Puis, hors visionnage, l’assimilation se fait, le désir de revoir la bête s’avère violent. J’y retourne. Pas de rires cette fois mais une naïveté touchante. Loin du cynisme de la meute, quelques larmes pointent même le bout de leur sel… Je suis lancé.
Suivent les VHS de chez HK Vidéo, puis, avec l’arrivée du DVD, l’import de films, épisodiquement agrémentés de rares sorties ciné en province. The Mission, Zu, A Hero Never Dies, Baby Cart, Full Alert, Bad Guy, Ghost In The Shell, Crime Story, Perfect Blue, SPL… Le polar devient made in HK, le film de cape et d’épée se transforme en chambara et wu xia pan, Belmondo et JCVD se voient remplacés par Jackie Chan, Jet Li, Donnie Yen... La classe incarnée n’est plus seulement synonyme d’Al Pacino et de Robert De Niro, elle devient Chow Yun-Fat, Lau Chin-Wan, Anthony Wong. Quant à William Friedkin, il trouve comme prolongements Kirk Wong, Ringo Lam etc etc etc…
Au cours des années 2000, peut-être en partie à cause de la rétrocession, la qualité de ce cinéma populaire décroît petit à petit. A l’heure où j’écris ces quelques lignes, si je lorgne plus volontiers sur ce qui se fait ailleurs, en particulier dans les pays nordiques via mon blog des Givrés d’la bobine (hop, pub : www.lesgivresdlabobine.com), mon moi cyborg est désormais trop envahi d’implants asiatiques pour que j’en arrive un jour à totalement tourner la page.
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