Pour répondre à Ghost Dog et son "La tragédie antique n’était ni moins tendre ni moins cruelle, la soif du pouvoir a toujours existé et les moyens de le conquérir ou de le conserver ont toujours regorgé d’inventivité et d’hémoglobine."
A NE PAS LIRE SI VOUS N'AVEZ PAS VU LE FILM
Le problème n'est pas la cruauté ici, mais le fait qu'une fois de plus, le film fait l'élogue du pouvoir politique centrale par opposition aux velléités individuelles. Hero prônait la même chose: l'individu n'est rien et doit s'écraser face au pouvoir, lequel a tous les droits car il oeuvre pour le bien du pays. La Cité Interdite, c'est la même chose: du départ, Gong Li n'a AUCUNE chance, car le message passé au public chinois serait désastreux. Et autre point très intéressant, l'empereur empoisonne l'impératrice, mais on ne sait pas vraiment pourquoi. Et justement, aucune importance! Il fait ce qu'il veut.
C'est sûr que d'un autre côté, la philosophie est tellement cruelle et immorale que ça en devient plaisant par rapport aux morales bisounours qu'on nous sert en permanence. Mais de là à soutenir le message passé aux chinois...
>Autre point très intéressant, l'empereur empoisonne l'impératrice, mais on ne sait pas vraiment pourquoi.
Au moins pour 2 raisons à mon sens :
- Il veut se venger d'elle parce qu'elle le trompe avec son fils aîné
- Il veut le rendre folle avant de destituer son aîné pour le second en vue du trône.
>Le film fait l'éloge du pouvoir politique centrale par opposition aux velléités individuelles.
Pas tout à fait d'accord sur ton point de vue :
- Il ne s'agit pas d'une éloge, mais d'une simple constatation de la toute puissance de l'Empereur, que rien ni personne ne peut é@!#$. Si le film souligne la clairvoyance politique d'un vieux singe (CYF) à qui on n'apprend pas à faire la grimace et qui, même dans une situation désespérée, parvient à redresser la barre en grand seigneur pour conserver son pouvoir (cf. Chirac dans une moindre mesure :-) ), trouves-tu que la conclusion soit particulièrement tendre avec lui? Il a certes gardé son pouvoir, mais sa progéniture a été sacrifiée et sa femme est folle ! La morale est bien amère pour lui...
- Gong Li n'a aucune chance? Oui bien sûr, et c'est en cela que je trouve une cohérence avec Epouses et concubines, Qiu Ju et d'autres : chez Zhang, la femme se rebelle contre l'establishment masculin au péril de sa vie et gagne rarement.
- Le message passé au chinois est pour moi bien plus complexe qu'un simple "le pouvoir politique est tout puissant, alors écrase-toi". C'est aussi la critique d'un régime prêt à toutes les folies et les injustices pour se maintenir. Si tu as l'occasion de voir Hara-Kiri, tu verras que le parallèle est saisissant et le constat finalement universel.
Sur un film comme celui-ci, on peut remplacer le "rarement" par "jamais". Le contraire n'est tout simplement pas envisageable. Cela fait une sacré différence. D'un côté tu peux imaginer la conclusion, de l'autre tu la connais sans erreur possible.
>"Il a certes gardé son pouvoir, mais sa progéniture a été sacrifiée et sa femme est folle ! La morale est bien amère pour lui... "
J'ai pas l'impression que ça l'ait "é.@!#$" plus que ça honnêtement... Jamais on ne le voit effrondré, il est juste en colère qu'on le chatouille.
>> D'un côté tu peux imaginer la conclusion, de l'autre tu la connais sans erreur possible.
Peux-tu me citer plusieurs exemples de régimes ayant chuté parce que l'Impératrice a comploté contre l'Empereur? Ca existe peut-être, mais ça me semble l'exception qui confirme la règle. Et dans de tels régimes, la règle est qu'il est inenvisageable de gagner...
>> Jamais on ne le voit effondré, il est juste en colère qu'on le chatouille.
Tu es sûr?? J'ai plutôt le souvenir d'un CYF traumatisé par la mort de son aîné, àla limite de la folie après avoir tué son cadet, et l'air aussi idiot que pathétique sur la fin. Je ne suis pas convaincu qu'il soit réjoui par la tournure des évènements, c'est un homme complètement détruit intérieurement.
Je serais plutôt d'accord avec Ghost dog, effectivement l'empereur reste maître mais à quel prix, et on ne peut pas dire qu'il soit présenté sous un jour favorable!
Peut etre nous occidentaux cherchons un peu trop un sens politique à tous les films venant de Chine, alors que pour les chinois c'est peut etre juste un blockbuster formaté pour occidentaux et pas très fin de plus.
Ghost dog le compare à Harakiri, on peut aussi faire le parrallèle avec THE BANQUET, les histoires étant quasiment semblables, FENG xiaogang étant resté plus sage dans l'esthétisme mais les deux films sur le fond sont très proches.
Le rôle des impératrices et leur soif de pouvoir est intéressant, on en verra des exemples jusqu'au dernier vrai empereur de la Chine en date, à savoir MAO et l'impératrice azimutée JIANG qing. Pour voir ces personnages dans un film, on peut attendre encore quelques décennies minimum.
>Peux-tu me citer plusieurs exemples de régimes ayant chuté parce que l'Impératrice a comploté contre l'Empereur? Ca existe peut-être, mais ça me semble l'exception qui confirme la règle. Et dans de tels régimes, la règle est qu'il est inenvisageable de gagner...
C'est un divertissement, pas un documentaire! Pourquoi les comploteurs ne réussiraient pas?
>Je serais plutôt d'accord avec Ghost dog, effectivement l'empereur reste maître mais à quel prix, et on ne peut pas dire qu'il soit présenté sous un jour favorable!
Justement, il n'est pas sympathique du tout, mais on s'en fiche, il reste le boss! Le film ne cherche jamais à le rendre sympathique justement. Il a le pouvoir, on doit le suivre, point barre. Désolé mais j'ai du mal à le trouver anéanti à la fin. Il a quand même tué son propre fils et vu son autre fils mourir devant ses yeux, et il prend quand même le temps de faire son repas avec ce qui reste de sa famille, en forçant son traître de fils à empoisonner sa propre mère. Ca va pour lui quand même :)