Franchement, c'est raté. On ne sais pas trop où le film se situe. On abandonne deux des "friend" en route parce que le réa semble être plus intéressé par l'histoires des deux caïds. Il ne peut s'empêcher de sur dramatiser les moments dit "fort" par une mise en scène assez pesante et envahissante (notamment la scène où ils courent tous au cinéma). De plus, en cherchant à saisir sur une période vaste la vie et les liens des personnages, ils ne s'attardent jamais avec plus de subtilité sur leur rapports. Il y a un coté fresque qui passe complètement à coté de son sujet. Aussi, hormis le retournement final que je tairais et qui est la chose la mieux vu du film, tout est trop balisé. On peut d'embler tracer la psychologie des personnages dès leur enfance, et deviner sans mal quels vont être les répercutions à venir. La voix off du narrateur est superflue, et n'aide en rien à donner la dimension tant désirée. Si ce n'est qu'à alourdir un peu plus. Tous cela est d'autant plus frustrant car on sent bien que le réa (désolé j'ai pas retenu son nom) à un furieux désir de filmer. Trop peut être, et du coup il est complètement dépassé. Le problème aussi, c'est que le film n'a pas vraiment de regard, de point de vue (alors que pourtant le narrateur devrait en crée un). Problème essentiellement dû à la mise en scène, et à son absence d'originalité. Toutes les scènes se succèdent comme un bout à bout, révélant encore ici aussi le manque de force narrative du récit.
C'est dommage, car le film laisse malgré tout un arrière goût de manque, comme si on avait un eu une matière, malheureusement trop mal utilisé. Les comédiens, les deux caïds d'ailleurs, sont excellent. Un certain travail sur la photo, dans certaines scènes, est remarquable. Mais malheureusment tous cela est gâché. L'une des scènes les plus symptomatique de cet état de fait, est le meurtre sous la pluie. Trop découpé, mal monté, plan pas assez long, relativement mal cadré, surenchère scénaristique (le camion qui vole), et puis toujours surabondance de signes, pour mieux dirigés notre regard vers ce qui doit avoir du sens, ce que le réa veut être bien sur que l'on ressente.
Désolé, je marche pas. Si vous voulez voir une histoire d'amitié, sur le temps, la vie, avec un groupe d'ami masculin, je vous conseil plutôt de vous dirigez vers Les Garçons de Feng Kuei de HHH. Sans commune mesure. Mais bon, HHH est un maître qui sais toujours où placé sa caméra, et combien doit durer un plan.
Je dirai que ce film est à moitié réussi, pour contredire dans le bon sens du terme bien sûr Jérôme qui par ailleurs relate parfaitement l'oeuvre, ceci dit, moi j'ai retenu une grande maîtrise de la part du réalisateur, même si ses attardements, dus en partie à son profond attachement aux personnages du film (il en fait partie), peuvent gêner, les interprètes sont plutôt bons, la photographie est quasi-parfaite, la musique est magnifique et participe beaucoup à la tendance onirico-tragique de la trame.
Donc un film à moitié raté, mais très grandement réalisé.
Pas vraiment d'accord avec toi quand tu dis que le film est grandement réalisé.
Mais par contre, je dois dire que quand même il y a une scène que j'aime beaucoup, vraiment beaucoup, c'est celle du cinéma. Une petite merveille, même s'il coupe un peu trop tôt. Cela dit je comprends le Moitié réussi, le film laisse vraiment un tel sentiment. Je dirais juste pour ma part, à moitié raté.
>On abandonne deux des "friend" en route parce que le réa semble être plus
>intéressé par l'histoires des deux caïds.
Ca vaut mieux parce que que si on devait suivre l'histoire du réal qui fait ses études à l'étranger, ce serait chiant. Le fait que la question de ce qu'il fait à l'étranger est juste abordé dans les dialogues est bien vu parce qu'on peut pas dire que ça vie soit aussi plapitante que les deux autres. En plus, comme les gangsters sont populaires dans le cinéma coréen, on va pas s'intéresser à deux mecs normaux.
>De plus, en cherchant à saisir sur une période vaste la vie et les liens des
>personnages, ils ne s'attardent jamais avec plus de subtilité sur leur
>rapports.
Ca c'est le problème de l'auto-biographie dont je parlais: y'a un manque de recul par rapport à son histoire.
>On peut d'embler tracer la psychologie des personnages dès leur enfance, et
>deviner sans mal quels vont être les répercutions à venir.
Note qu'on peut dire la même chose d'"une balle dans la tête" et c'est pas ce qui empêche les trois-quarts des gens de le considérer comme un chef-d'oeuvre. Ah oui, petite parenthèse: répercutions -> répercussions
>La voix off du narrateur
Ah putain, je m'en souvenais plus de ça...
>Sans commune mesure. Mais bon, HHH est un maître qui sais toujours où placé
>sa caméra, et combien doit durer un plan.
Là tu perds en crédibilité parce que tu compares ciné commercial et ciné d'auteur, du coup tes remarques négatives sur la réal perdent de leur objectivité.
"Je perds en crédibilité"...oh, Alain voyons. Je n'ai pas cherché non plus à être purement objectif, au contraire. Et puis ces frontières entre le cinéma d'auteur et le cinéma commercial, même si elles existent indubitablement, j'espère malgré tout que parfois elles ne soient pas aussi rigide. Puis j'avoue aussi ne pas savoir comment HHH est perçu dans son pays. Je peux imaginer.
Par rapport à Une balle dans la tête, oui, mais le film se veut moins ample. On ne part pas de la petite enfance, on est déjà à l'adolescence, et les ellipses nous menant d'une période à une autre assez rare, pas de manière aussi tranché.
Par exemple on ne passe pas comme dans Friend, de la période camé, à la période je suis le super boss de la pègre coréenne en 5min.
Ok on s'intéresse pas au deux mecs dit "normaux", mais alors on s'écarte du sujet, un peu. Disons que je voyais pas le film sous cet angle là, que la première partie ne me le faisait pas voir ainsi. Parce que finalement, c'est surtout l'histoire des deux caïds. Alors à la limite, qu'il filme leur histoire, à eux, dans laquelle il introduit la vie des autres mais pas de manière aussi significative qui te laisse suggérer que ces personnages vont être présent tout du long. Cela dit, la vie des mecs normaux m'aurait intéresser, surtout en contraste des deux truands. Je pense que c'est d'ailleurs ce qu'il essaie de faire, et pourquoi il représente ces deux hommes de manière aussi héroïque. Il y a quelque chose de l'ordre du fantasme, tout en essayant de garder la place suffisante pour montrer l'envers du décor, la réalité. Mais le problème, c'est que cette réalité, il l'a film vraiment souvent n'importe comment.
Non ce n'est pas filmé n'importe comment: c'est un film vraiment fait pour le grand écran et la réal est adapté à ce facteur. Prends le plan de la cigarette par exemple: là-bas, c'est un plan qui est devenu aussi culte que le bullet-time. Tu repères ça aussi au niveau sonore: si t'as de bon baffles qui ont des basses bien règlées, le bruitage de la cigarette quand elle tombe par terre est hyper-puissant(et très exagéré mais je m'en fous....) mais ça skotche direct au fauteuil et cela se révèle comme une très bonne introduction à la scène qui suit(dont le plan final qui bascule pour se finir dans la rigole avec un léger travelling est un modèle d'efficacité et de bon sens cinématographique).
S'il s'agit d'avoir un minimum d'infrastructure pour pouvoir apprécier le film, je déclare forfait. Je comprends très bien que certain film passe très mal sur un écran télé, mais je crois que malgré cela, même si j'avais vu le film en salle, je continuerai à penser de la même manière.
Mais quand je dis que c'est filmé n'importe comment, j'exagère, tout le film n'est pas filmé n'importe comment, il y a des choses bien.
C'est quoi le bon sens cinématographique ?
Le bon sens cinématographique, c'est quand le réalisateur connaît et maîtrise une large palette de techniques cinématographiques et sait les utiliser à bon escient par rapport aux éléments et événements qu'ils filment jusqu'au point où le plan touche à la perfection inaltérable(le fameux "il n'existe qu'un seul plan, c'est le bon" de Peckinpah).
Pour reprendre le plan sus-cité dans mon message plus haut, il s'impose de lui-même via le basculement de Jang Dong-Kun pour enchaîner(une fois arrivé au niveau du sol) en travelling sur le mouvement de l'eau dans la rigole. Si t'as des suggestions pour la manière dont on aurait du être filmé ce plan selon toi, fais-le savoir.
Ah ces intellos... Ceci dit je réitère ma première impression, à mon humble avis ce film, même s'il n'est pas parfait, est l'oeuvre d'un très grand ou futur très grand réalisateur, y'a du Léone chez ce mec...
A ce sujet, Darcy a vu "Champion" en projo de presse et apparemment, ça confirme "Friend" même si le film aurait vraisemblablement un ton plus dépressif, à tel point que la fin(que je connais déjà hélas...) est du même niveau que celle de Failan pour lui. Evidemment, pas besoin de dire que Yoo Oh-Sung nique tout une fois de plus... Ah putain, et dire qu'on va devoir crever notre race pendant six mois en attendant le dvd(décembre/janvier).
Je ne pense pas que le réa de Friend connaisse et maitrise une grande palette. J'en reviens une nouvelle fois à la scène où ils courent tous ensemble en direction du cinéma, cette scène est complètement raté. Mal cadré, objectif à courte focal trop emphatique, et de plus elle est mal monté, mal rythmé. Je ne parlerais pas du choix de la musique, à mon sens innaproprié, mais c'est purement subjectif.
Pour la scène de la cigarette, il faut que je la revois. Elle ne m'a pas marqué plus que ça. Je t'en dirais plus lorsque je l'aurais revu.
Iron, tu dis qu'il y a du Leone, c'est parcque le film te fait penser à Once upon a time in america.
Personnellement je trouve que, Yoo Oh-Sung donc, n'a, d'après ce que j'ai pu voir dans Friend, pas vraiment de style, de vision. Il a quelque chose, en germe peut-être, qui demande sans doute à éclore. Je pense qu'il a besoin de se débarrasser de certaines influences trop preignante. Je pense aussi qu'il a besoin d'améliorer la construction narrative de ses récits. Mais c'est peut être le cas dans son nouveau film, je l'espère. Je suis tout à fait prêt à lui donner une seconde chance, et j'attends son nouvel opus, malgré toutes les consdidérations précédentes, avec une certaine curiosité.
Ah oui sinon, concernnat ta remarque "il n'a pas de visions"(au sujet du réal donc, en corrigeant ta phrase), on retombe sur la question du ciné d'auteur mais c'est très péjoratif car on peut trouver des cinéstes talentueux qui n'ont pas d'identités ou de thématiques au sein de leur filmo et ce n'est pas ça qui les empêche de de délivrer d'excellenst films. Je pense surtout à Daniel Lee qui a signé trois films quasi incontournables du cinéma HK: What price survival, Till Death Do Us Part et A Fighter's Blues(quoique que ce dernier est contesté mais je m'en fous)et qui hormis l'esthétisme hyper-poussé n'ont rien à voir entre eux, ce sont des "stand-alone". Le problème est que tu semble avoir une notion très précise du cinéma et que si ça ne rentre pas dans ton cadre, ça ne va pas(Tequila a aussi le même problème mais dans un autre sens).
Oui oui, je sais, c'est le comédien, j'ai fait une bourde, désolé. J'ai du mal avec les noms Coréens, bizarrement.
Rassure toi Alain, je n'ai pas une vision très précise du cinéma, loin de là. Je suis très ouvert. Je peux trouver des choses étonnantes, stimulantes, sublime, dans des pires nanars ou série B, rien que pour un plan. Je n'ai aucun cadre délimité. Il faut juste, mais c'est assez difficile à définir, qu'il y est une sorte de cohésion, même abstraite, et d'honnêteté. Mes horizons cont tout aussi bien de Bresson et Godard à Johnnie To ou Tsukamoto. Tu vois, par exemple, je trouve qu'il y a des choses tout à fait intéressantes dans Driven de Renny Harlin (que j'adore) aussi bien que dans Tokyo Raiders.
J'ai pas vu les Daniel Lee dont tu parles, j'ai recu Till death, mais je l'ai pas encore vu.
Ce qui ne va pas dans Friend, et qui fait que le film est décevant, raté, c'est qu'il lui manque quelque chose, qu'il est trop emprunté.
Pour finir, pour te dire encore combien je n'ai pas une vision précise du cinéma, je suis allé voir hier Sex is comedy, de Breillat. Breillat me gonfle. Son manifeste, à la fois pompeux, asséné comme des vérités universel m'agace. J'ai vu plusieurs de ses films, et même si systématiquement il y avait des choses passionnante, remarquablement intelligente et magnifiquement filmé, il y avait toujours ce coté là pour m'agacé. Avec Sex is comedy, contre toute attente, j'ai adoré le film. A priori mal parti, un film de Breillat sur Breillat, s'est révelé une mise à nu éblouissante, intelligente, d'une parfaite logique. Et de fait, le personnage m'est apparu autrement. Je l'ai accepté avec tolérance, celle de la différence. On me présente quelqu'un, qui pense de tel manière, je l'accepte, ou pas. Par là, tout son système intellectuel ne représente que elle même, et rien ne m'oblige à y adhérer. Je l'accepte en tant que tel, en tant qu'individus.
Ceci pour te dire que son système, sa vision, m'est apparu alors sous un jour fondamentalement nouveau. Alors que pourtant, rien à changer. C'est du Breillat plus que jamais. Il n'y a donc pas de cadre prédifini. C'est juste une histoire d'alchimie. Enfin c'est beaucoup plus compliqué que ça, mais nous en resterons là pour aujourd'hui.
Aussi, il y aurait plein d'autre chose à dire sur Sex is comedy, mais c'est pas l'endroit approprier.
A+ !